La peau
La peau s’écrit
Sans désinvolture
Mise en œuvre
Vers la vérité elle est la vérité
L’itinéraire où l’on se sent étranger
En pays connu et décollé du secret
Qui l’habitait
La peau ainsi refroidie soit-elle
Impudique elle participe à l’
Erotique et figure en même temps
Le sacré de la présence
Elle est le vêtement de l’âme
Cette sublime d’attente
La peau brûlure des yeux
Mais quoi ? Qui l’oublie ?
Le peintre ? Non c’est sa vérité
Habillée de frais
Hymen nu pour elle
Comme pour lui tout comme
La peau est passée en atelier
Tendue blanche toile
Incarnée mais encore…
Surtout par un bout
Son corps exhibé
Escalier vers le ciel
La peau des jours crus
Des heures démunies de toute
Vérification quand arrive le rituel
Par l’ombre qui s’emploie écrasée
Par un trait de soleil
La peau un peu de blanc
De terre verte sur un plan
Et de tons rosés fondus
Elle fait son chemin en peinture
Avant d’ouvrir la vue
La peau ne garde que ce qui vient
A mourir sous l’oeil
Sa brillance sa douceur sont
Au premier âge de la vie magnifique
Bel idéal follement plus loin
La peau à quelques encablures
Qui font le prix du lointain vu de
La main qui caresse
Ce
Petit pan de mur sang
La peau blonde comme l’air
Du bonheur
Une apparition
Une sorte de peu à peu
Que tout dévoile
Avec le silence couchant
La peau lumière du midi
Dont il faut s’approcher
Au plus profond
La peau toujours devant
__________________________________________________
Les grillons
La femme pue
On ne voit que son pied
Coupé dans la bassine
Autour de mon cou
Je joue avec ses intestins
Comme avec un boa obscène
Volant sur sa viande
Je tiens son bras
Par la fin
Morte elle n’a pas de fantôme
Seul son cul découpé
Fait encore illusion
Dans la lessiveuse
Il y a ses jambes
Et sa tête en morceaux
Le soir est tombé
Sur son ventre ouvert
Que je poudre de chaux vive
Je mange ses yeux
Dans l’assiette que j’ai
Peinte ce matin
Quel sommeil !
J’aime ces levers légers
Ces lendemains de tuerie
Et les grillons qui gueulent
Dans la chaleur de la nuit
_______________________________________
J’ai faim
J’ai faim aujourd’hui hier demain
Le jour la nuit
La nuit le jour
Demain est toujours aujourd’hui toujours
Je marche je marche
Je pense même à manger la terre
Les vers avec les vers
C’est comme ça
J’ai faim
J’ai faim pose la question du quoi
Quoi manger ?
Si je mange quoi
Après c’est moi
Par le quoi qui redeviens moi
Celui qui a toujours faim
Le jour la nuit
C’est comme ça
Et c’est pour ça que je marche
Parce que
J’ai faim
JACQUES CAUDA
Il se présente :
Parallèlement à des études de philosophie, Jacques Cauda poursuit une formation de réalisateur. À partir de 1978, il réalise pour les télévisions française, algérienne et canadienne une trentaine de documentaires. En 1998, il interrompt sa carrière de documentariste pour commencer à peindre et à écrire. Il crée un nouveau courant pictural : le mouvement surfiguratif. Écrivain, il propose une théorie de l'écriture polymorphe. Le style doit être au service du sens, la forme être l'effet du fond. Ses écrits le font ranger parmi les fous littéraires selon la classification établie par André Blavier. Sa biographie, écrite par Déborah et Elise Vincent vient de paraître chez Jacques Flament Éditions.
Site :www.jacquescauda.ultra-book.com
Blog : www.jacquescauda.canalblog.com
Bio : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Cauda
Interview:
http://www.artactif.com/fr/surfiguratif.php