Sept poèmes
(in Ce qu’avoue la lisseur des choses
ouvrage en cours)
Une aube de papier donne à lire, et le vent,
et la lumière une seconde désarmée
sans émettre de signe vers l’attente
puis nuageusement se couvre de matin,
cet écran sous lequel on va,
tenu par la clarté sans autre issue
que sa redite
***
Tant d’ailleurs ont fini d’exister pour qui aime
l’ici enraciné de douleur et de vie
et si l’ici fait mal il faut bien l’imputer
à qui se plantant là sans plus bouger le scrute
***
Il ne faut pas quitter ce lieu avant d’avoir
au moins tiré le trait qui le sépare
d’engageants voisinages,
au moins réuni assez de limaille
pour forger le corps d’une clef
ouvreuse de fonds dérobés au moins reconnus
à leurs dénégations et à ce qu’ils cèdent
***
La vue qu’une embellie échancre n’en fini-
ra donc jamais de berner
dans cette adversité du fini ?
Un contemplateur des porches du ciel croit
qu’il a suffi de désirer très dur l’outre-espace
et le laps se referme et sagement sourit
***
La faim consume la fièvre de lointains
dans son noyau incandescent
Cesse le vaste et se durcit
l’à-pic d’un creux pour la dévoration,
ici alors restitué
– mais qui se met à jouir d’avance,
si dédoublé vers l’aise de l’après
que la conscience inassouvie
cherche une autre faim pour royaume
***
À force d’acupuncter l’écran et d’autres pages
le blanc va-t-il frémir, libérer des courants
qui cherchent à unir d’oubliés territoires
derechef entrepris par cette activation ?
Rien n’est sûr ; on est moins disert que les mirages,
refusant de se payer de mots de rechange
On attend, on aiguise l’œil et qu’une espace
semble hésiter parfois en deçà des réponses
aide à tenir le temps que décide le temps
***
Là peut-être, au plus ras de l’existence rase,
dans quelque friche céleste oubliée,
des forts blottis, à l’apparence mensongère
attendent-ils une main de visite
Une main, des lèvres, un front de retour
d’exils de calendrier
où sourire tenait dans des cadres et mourir,
on mourait jour à jour sans plus en souffrir, condamné
Des touffes d’herbe folle en secret les signalent
à qui garde des yeux pour susciter, mieux voir,
remercier l’aperçu qui le comble
quand il allait tarir, toutes ses sources ravalées
CLÉMENT G.SECOND
Il se présente :
Écrit depuis 1959 : poèmes (sortes de haïkus qu’il nomme Brefs, sonnets, formes libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement.
Fréquente littérature, arts, philosophie et spiritualité.
Collabore à des revues (Le Capital des Mots, La Cause Littéraire, N47, Terre à Ciel, Harfang, 17 secondes, Paysages écrits, Accentlibre) depuis fin 2013 par besoin de plus d’ouverture et de partage.
Plusieurs réalisations de pair avec la photographe Agnès Delrieu (revues, blog L’Œil & L’Encre http://agnesdelrieu.wix.com/loeiletlencre
Se sent proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise), dans laquelle « une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».
a1944@hotmail.fr