Kyrielle de Kyparissi
- Anamorphose #7 -
EXTRAITS
P. 12
Quand ça sera là et c’est déjà là
(comment a-t-il su que la question nous bouleverserait
comme le reflet d’une femme sur la fenêtre
sérieux presque tragique
pastel
rendez-vous presque amoureux)
C’est là mais on peut encore prendre des douches chaudes
dans l’écume prendre un rai de lumière
ivresse objective
dans l’étourdissement devant un coin de silence
le souvenir que la mer nous attend
souplement
Pour tromper l’évidence là
Une symphonie s’accorde
sur la roche taillée de la route rouge enflammée
on entend
A certaines températures, les mots perdent leur consistance, leur contenu, leur signification, tout simplement, ils s’anéantissent, si bien qu’à l’état gazeux, seuls les actes, les actes nus font preuve d’un certain penchant pour la solidité, il n’y a que les actes que nous puissions presque prendre dans nos mains et les observer, comme un cristal
on pense
ça va bouger ça bouge on le sent
la vague gronde pètera-t-elle
mue par sa propre survie
révolte du beurre doux fondu
décomposé par sa seule mollesse
celle qu’on lui a murmuré
sans que le beurre ne le sache
voilà l’histoire
je fronce les sourcils
voilà l’instant
le beurre devient vague
pour dire : nous sommes la multitude
P5
L’oeil vide scrute absent l’intérieur du crâne
tu sais que, contrairement à l’impression qu’elles donnent, les personnes grandes peuvent cacher une extrême vulnérabilité
tu te dis
et j’écoute
pour être certain tu redis : contrairement à l’impression qu’elles donnent
et entend ce qu’en moi
gratte pour que gicle
les je sais
reconsidérés
les tu crois
mal accrochés
aux racines
Trouve le début d’un nouveau pourquoi
dans la question sera l’écho cherché
(je sais qu’il est étrange de voir le vrai visage du clown blanc
qui te regarde intrigué)
Dans la mer sera l’élan choyé
Écoute elle te clapote : tu es goutte et peux
Adolescent que tu es certains soirs
tu sais que l’avenir est à toi
qu’on te bassine ça
qu’on t’assène ça
cette enclume en tes rêves
assèchante
Tu rêves encore sans pouvoir t’apaiser
tes doigts sur le clavier de lumière
se promettent de ne pas être déstabilisés, en vain
cherchent la souplesse
tes mots sur le ciel de lave
futur étendu comme une nappe
GABRIEL PEREZ
Il se présente :
Kyrielle de Kyparissi
Le poème
Il s’agit presque de la forme Kyrielle inventée par J. Roubaud. J’ai respecté les contraintes formelles (5 strophes de 4x5 vers composés de 6 vers chaînons + une tornada qui reprend exclusivement des éléments déjà présents) mais transgressé le mode du mono no aware.
Ce poème a été composé dans le cadre d’un workshop dirigé par Julien Marcland qui travaille sur l’élaboration de nouvelles contraintes (à partir des anciennes et des proportions dorées).
Micro bio
Je n’ai rien publié à ce jour.
Je suis comédien, thésard (dir. Olivier Neveux), vacataire à l’université Lyon 2. J’enseigne également la pratique du théâtre.