En sang d’aluminium, j’empoigne encore, faux festin
copeaux de nuit
l’étoffe où pourtant flotte
l’essence d’un corps saint
Tous ces résidus de jour, torse chaud, solaires agapes
d’industrie
sous-main
J’étouffe l’artifice tu, tête nue, pouls doux
quand à l’arbitraire on s’en remet
Et hop ! Enfoui dans ta natte !
Au vent l’amertume sifflote à demain
autant que l’idiotie
Merde, merde
S’entendent aussi des paroles amènes
entre les douches de métal
Je suis là, regarde-moi
qui disent.
*
Dans l’encoignure de ma nuit, le rapt d’une rose d’or
encore reluit, faible à l’espoir venteux
Vivra verra
L’armature cherche au fond l’objet du jaillir
loin de la plasturgie
à cracher, pulvérisé, claqué dans les nappes ondoyantes du soir
L’armada conséquente est sous-marine
car c’est pour que reflue gouttes
allez, allez
de rousseur jaune
un feu bengali parmi la ronde
Que déluge sur les costumes sans tête, dans le jour braillard
battues des guillotinés
le salop, le salop
la sirupeuse résine
d’une coque d’un corps d’ambre.
*
Flottent les aurochs, il fait longtemps, dans le ventre du langage
qui est un aquarium pour celle
pour moi et pour le monde
- qui lui n'est pas d'hier -
Des étoiles sempiternelles nagent avec leurs bras
dans le ventre du langage
Nous en avons tant cueilli, regarde !
elles frétillent encore dans notre essoreuse !
Moins dans ma boîte à goûter
- pour toi, je ne peux dire -
mais beaucoup pour le monde qui
antédiluvien est une discothèque
Passent bondissants des rayons dans le ventre du langage
qui nous atteignent quand on danse
ou que l'on regarde allongés sur le dos
parmi les aurochs les étoiles
dans l'aquarium de la discothèque.
*
Ping toi et moi Pong
de toi à moi je ne sais même plus qui a commencé
comment ça quand et où
je n'en sais plus rien
et c'est bien
Au départ j'étais chronologique fatigant
je savais certain que tu étais Ping et que j’étais Pong
je faisais l'arbitre
Mais qui quand d’abord
ça n'a aucun intérêt et rien de vrai
ça joue beaucoup trop vite
fuse
et les trajectoires nous enveloppent
La balle vole
c’est là tout ce qui compte
faire voler la balle
Rien moins j'ai cru
moi Pong avant Ping
inventer le langage
c'est-à-dire les images des mondes entiers et de tous les temps
qui n'appartiennent à personne
c'est-à-dire à beaucoup
Aujourd'hui j’arrête le sport
le chrono les raquettes
Je baigne mou dans le ventre du langage
sans Ping et sans Pong
sans d’abord
J’y croise des images
tu flottes là-dedans.
RAPHAËL ROUXEVILLE
Il se présente :
Raphaël Rouxeville a étudié et enseigné la littérature. Il a plus particulièrement travaillé sur l'oeuvre de Rimbaud. Ses poèmes ont été publiés en revue par Le Capital des Mots, Terre à Ciel, Lichen et prochainement par Décharge.