Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - RAPHAËL ROUXEVILLE

Publié par Le Capital des Mots sur 2 Novembre 2017, 14:41pm

Catégories : #poèmes

Raphaël Rouxeville - DR

Raphaël Rouxeville - DR

En sang d’aluminium, j’empoigne encore, faux festin

copeaux de nuit

l’étoffe où pourtant flotte

l’essence d’un corps saint


 

Tous ces résidus de jour, torse chaud, solaires agapes

d’industrie

sous-main


 

J’étouffe l’artifice tu, tête nue, pouls doux

quand à l’arbitraire on s’en remet

Et hop ! Enfoui dans ta natte !


 

Au vent l’amertume sifflote à demain

autant que l’idiotie

Merde, merde


 

S’entendent aussi des paroles amènes

entre les douches de métal

Je suis là, regarde-moi

qui disent.


 

*


 

Dans l’encoignure de ma nuit, le rapt d’une rose d’or

encore reluit, faible à l’espoir venteux

Vivra verra


 

L’armature cherche au fond l’objet du jaillir

loin de la plasturgie

à cracher, pulvérisé, claqué dans les nappes ondoyantes du soir


 

L’armada conséquente est sous-marine

car c’est pour que reflue gouttes

allez, allez

de rousseur jaune

un feu bengali parmi la ronde


 

Que déluge sur les costumes sans tête, dans le jour braillard

battues des guillotinés

le salop, le salop

la sirupeuse résine

d’une coque d’un corps d’ambre.


 

*


 

Flottent les aurochs, il fait longtemps, dans le ventre du langage

qui est un aquarium pour celle

pour moi et pour le monde

- qui lui n'est pas d'hier -


 

Des étoiles sempiternelles nagent avec leurs bras

dans le ventre du langage


 

Nous en avons tant cueilli, regarde !

elles frétillent encore dans notre essoreuse !


 

Moins dans ma boîte à goûter

- pour toi, je ne peux dire -

mais beaucoup pour le monde qui

antédiluvien est une discothèque


 

Passent bondissants des rayons dans le ventre du langage

qui nous atteignent quand on danse

ou que l'on regarde allongés sur le dos

parmi les aurochs les étoiles

dans l'aquarium de la discothèque.


 

*

Ping toi et moi Pong

de toi à moi je ne sais même plus qui a commencé

comment ça quand et où

je n'en sais plus rien

et c'est bien


 

Au départ j'étais chronologique fatigant

je savais certain que tu étais Ping et que j’étais Pong

je faisais l'arbitre


 

Mais qui quand d’abord

ça n'a aucun intérêt et rien de vrai

ça joue beaucoup trop vite

fuse 

et les trajectoires nous enveloppent


 

La balle vole

c’est là tout ce qui compte

faire voler la balle


 

Rien moins j'ai cru

moi Pong avant Ping

inventer le langage

c'est-à-dire les images des mondes entiers et de tous les temps

qui n'appartiennent à personne

c'est-à-dire à beaucoup


 

Aujourd'hui j’arrête le sport

le chrono les raquettes


 

Je baigne mou dans le ventre du langage

sans Ping et sans Pong

sans d’abord


 

J’y croise des images

tu flottes là-dedans.

 

RAPHAËL ROUXEVILLE

 

Il se présente :

 

Raphaël Rouxeville a étudié et enseigné la littérature. Il a plus particulièrement travaillé sur l'oeuvre de Rimbaud. Ses poèmes ont été publiés en revue par Le Capital des Mots, Terre à Ciel, Lichen et prochainement par Décharge.


 

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