Au nom de l'oubli
Oubli à la couleur mal définie, à saveur âpre de la poussière,
du sable et des pierres compactes,
Oubli qui s'apparente au vide de l'absence, aux empreintes
De pas effacées par la mer,
Oubli sans repère temporel, comment parler de toi
Si tu n'existes qu'à travers des silences reclus ?
Comment parler de toi, si tu te drapes dans les linceuls
de ton néant ?
***
La révolte d'or
J'écrirai jour et nuit sous le joug de l'esprit,
Ivre sans avoir bu, titubant de sommeil,
Les yeux dans le brouillard et pas encore en veille,
J'écrirai des fleuves tumultueux,
Qui auront tous ensemble le doux nom de poèmes,
J'écrirai dans le froid pour ceux qui n'ont dehors
Que les draps de la nuit pour recouvrir leurs corps,
Je cognerai aux portes souvent mal refermées,
Pour entendre gémir des vérités cachées,
Si ma révolte a la couleur de l'or,
Mes heures sont comptées,
Entends-tu sonner comme un glas dans la nuit,
Toi qui partages aussi mes paroles incendiaires.
***
Petit être lunaire
Je suis un papillon, happé par la lumière,
Une fleur de cristal qui se méfie des ombres,
Je crie ma peur entre des murs et des forteresses,
Je me heurte à des barreaux invisibles,
Qui de vous saura lire dans mes yeux qui s'absentent ?
Qui de vous comprendra les gestes qui apaisent ?
Quand pourrai-je sortir de ma bulle insolite ?
Petit être lunaire, prince de contrées lointaines,
Je vous offre mes indicibles maux,
Ces quelques perles rares tirées de mon silence,
Soyez les interprètes de mon monde fermé,
Et les amis secrets que je n'ai jamais eus.
© Marie-José Pascal