Marcher au soleil
Avec le vent qui s’éveille
Qui danse
Et dont la sueur émerveille
Le corps de la mer.
Combien de phrases perdues
Dans les plis de ton cou ?
Comme un collier
Cherchant ses sphères.
Combien de ronces
Ont entravé les lumières
Avant que je n’arrive délivré
Devant l’iode de tes paupières ?
Naufragé dans ton regard
Me voici de nouveau à mendier
Les parfums de tes roches.
Me voici avec mes haillons
Et mes membres griffés
Tendant la main
Au sel de ta bourse.
Mendiant
Devant tes parures infinies
Je vais dans les rues
Et les grandes avenues
Où les algues chantent ta beauté.
J’apaise mes blessures
Dans le flux.
J’étais pourtant riche de perles
Et ma coque caressait ton ventre.
Sabre était ma langue
Tranchant les gorges grises des nuages
Et l’espace grandissait
Entre nos doigts.
Combien de phrases perdues
Dans les plis de ton cou ?
Comme un collier
Cherchant ses sphères.
Assis sur tes marches
Je te contemple
Mais le cordon sur tes seins
Me reproche les absences.
Je reviendrai
Dans les silences de tes cheveux.
Perles
***
La barque est sur le sable
Le sable est sur la barque
C’est un restant d’embarcation
Un squelette
Que le vent enlace
Que la pluie pourrit.
La barque est sur le sable
Dans un endroit désolé.
Désolées sont les mouettes
Car le bois de la coque
Ne ramènera plus de poissons.
Il reste un morceau de filet
Entre les os de l’aventurière
Les os
Que les fauves du temps ont léchés.
Il reste un morceau de filet
Qui se souvient encore
Des prairies de la mer
Et du cuir tanné des pêcheurs.
Promeneurs
Ne riez pas de l’épave !
Il y a tant de richesses
Qui émanent de son cadavre.
La barque
***
L’ombre est une bête étrange
Qui se métamorphose
À chaque instant.
Élastique
Elle s’élargit
Rétrécit
S’habille de formes diverses.
Et quand l’ombre
S’empare des rochers
Les rochers pleurent l’obscurité du sable.
Le sable frappe dans ses mains
Pour s’en libérer
Mais rien n’y fait !
L’ombre se prolonge
Jusqu’aux serviettes des baigneuses
Dont les corps à peine séchés
Cherchent la chaleur.
Les peaux frémissent sous ses pattes.
L’ombre mord le bout de leurs seins
Se pourlèche les babines
Tandis que les mouettes rient du spectacle.
L’ombre est une bête étrange.
L’ombre
PIERRE RIVE
Il se présente :
Pierre Rive est un auteur né en 60. Il a publié plusieurs ouvrages de poésie, des nouvelles, des textes humoristiques, ainsi que des parodies.
On le trouve aussi dans plusieurs revues et dans des ouvrages collectifs.
Bibliographie :