ACCIDENT
Quand il suffit parfois
d’un détour du vent
pour agiter les feuilles
du poème réveiller
quelques mots sédentaires
entassés
dans la poussière bleu
et or d’un lent après-midi d’été
finissant
***
SOUS LA PEAU NUE
« La fleur est distance juste du vivre. »
Jacques DARRAS
Une fleur
amarante bouton d’or
coquelicot dahlia ou
églantine comme l’alphabet
qu’on effeuille
pétale
après pétale
souvent d’une main distraite
qui
pour lui reprocher
sa couleur ?
***
ENFANTINES
Rue du sombre un peu rouillée
la nacelle d’une balançoire grince
au loin ses souvenirs
depuis longtemps on a sifflé
la fin de la récréation
et des jeux dans la cour vide
où ne résonnent ni cris d’enfants
aux initiales oubliées sous l’écorce
palimpseste des marronniers
ni le rire en fleur des giroflées
dans l’anfractuosité des murs
***
LES MURAILLES
S’il suffisait de tourner sept fois
autour des autres
pour voir les murailles tomber
avec les certitudes
le socle se fendre sous
les applaudissements et le rire
tandis qu’au milieu du tour et
des intimidations
sourcil froncé à peine
la marche s’arrête net ta langue
trébuche et les mots de se mettre à rougir
SAMUEL MARTIN-BOCHE
Il se présente :
Né en 1977 à Essey-lès-Nancy, Samuel MARTIN-BOCHE vit et travaille aujourd’hui à Nevers (Nièvre). Depuis 2017, il contribue à différentes revues de poésie numériques ou papier (Arpa, Lichen, Recours au poème, Poésie/première, Le Capital des Mots, Gros Textes, Dissonances…).
Présent dans l’Anthologie poétique Flammes Vives 2018, volume 4 (parution prévue en décembre).
Flamme de bronze pour le prix Yves Bonnefoy, Flammes Vives 2018.