Labour
Mon ombre disloquée par les sillons
Avance dans la glaise
Les freux d’un coup d’aile s’écartent
Un renard longe la haie d’aubépines
Et disparaît dans sa sente
À peine s’il ma vu dans le soleil blanc
À genoux je creuse
Un peu plus profond que le soc
En larmes de vent
Dans ma main rouge
Le cœur argileux du champ
Palpite sous mes doigts
***
Givre
Des bouvreuils flûtent dans la haie
Cœurs écarlates dans le givre
Entre les peupliers nus
Le soleil résigné lance de longues ombres
Je ramasse quelques fruits d’aulnes
Qui ponctuent la rive blanchie du ruisseau
Les herbes saisies crissent sous mon pas
Mon souffle blanc persiste dans l’air sec
Sur le plateau de bruyères, le gel révèle
Mille toiles d’araignées diadème, figées et vaines
Le chaos, comme recouvert de cristaux,
Diffracte les rayons froids
Géant de granite prêt à se redresser
Roi à l’armure irisée
***
Cachalot
Qu’a voulu Amphitrite
En nous créant
Dans l’eau salée d'un repli maternel ?
Sinon léguer à certains l'empreinte de sombres mémoires océanes
Peurs aquatiques
Angoisses liquides
Enfant je rêvais que les bêtes de la mer
M’entraînaient avec elles
Dans des filets jamais remontés
Désormais
Un cachalot noir
Me poursuit dans les abysses
Refuge illusoire
Du noyé volontaire
REMOUX
Il se présente :