A l'écoute des sources
Que me disent les sources à cette heure tardive,
Que les rêves au zénith connaissent des limites
Et qu'au-delà du songe une vie se dessine,
En un jeu de miroirs subtil et émouvant,
Tel au coeur d'acier se croyait invincible,
Un peu comme un corsaire à l'épée scintillante
Tel au coeur d'acier plongeait tête baissée,
Dans des abîmes extrêmes avant de se noyer,
Est-il plus grand désert que celui de l'absence,
Quand seul contre tous, on se prend pour le roi,
Et que privé d'amour, on marche sur des braises
Au risque d'allumer des flammes à l'entour,
Ce que disent les sources à cette heure tardive
Ne peut s'interpréter qu'à l'écoute du monde,
Dans un parfait silence, digne des cathédrales,
Quand le coeur d'acier devient coeur de papier.
***
La puissance des mots
J'écris en mitraillant le papier de mots chocs,
Comme on lance des pierres à l'assaut des fenêtres,
Pour réveiller tous ceux qui s'étaient endormis
Dans des draps confortables aux senteurs de lavande,
J'écris pour ne pas marteler les murs à coups de poings
Quand ma colère bouillonne devant trop d'injustices !
Quand mes éclats de voix brisent tous les silences,
Avant que l'oubli coutumier ne consume
Mon dernier souffle,
J'écris sur du velours l'harmonie retrouvée,
Les gestes qui rassurent et les mains qui se tendent
Et au fond de mon coeur, le temps suspendu
Aux notes lumineuses d'une musique intime,
Car ma colère s'apaise quand les vents sont calmés.
***
De nouvelles promesses
Roule vieux tambour aux accents oubliés,
Le temps frappe à la porte et neige sur nos cheveux
Les contes fantastiques, les romans à deux sous,
Le silence les a un à un dérobés
Et les nuits d'insomnie sont devenues mortelles,
Nous avions tous rêvé de destins héroïques
Et nous voici, à l'orée de chemins ordinaires
Attendant patiemment que d'autres jours se lèvent,
De toute la lumière contenue dans nos yeux,
Ne retiendrez-vous donc que l'instant d'une larme
Alors que nous cherchions à repousser l'enfer,
En tendant simplement nos mains vers l'inconnu,
Roule vieux tambour aux accents oubliés,
Le temps frappe à la porte et le silence verdit
Tel un lierre étouffant nos pensées solitaires,
Demain, nous retrouverons nos manèges enchantés.
MARIE-JOSÉ PASCAL