à l’ourlet du sous-bois
envahi de ronciers bavards
je marche parmi les
feuilles insensées et turgides
des hostas émeraude et des rhubarbes
géantes
reliques d’un jardin
anglais
qui s’appuyait sur les courbes du ruisseau ;
l’onde ridule toujours en sillons discrets
là où l’effleurent les longues frondes
ployées
calcaire
au pied de la nymphe d’albâtre
piquetée d’anneaux de lichen
noir
le calcaire coquillier
murmure toujours
en la langue éteinte des mers
crétacées
le récit fragmentaire de son
épopée perdue,
mots-êtres gravés sur les pages marmoréennes des océans soulevés, brachiopodes et crinoïdes, ammonites et coraux — écoute dans la ville ces palimpsestes de calcite ! taillés par les hommes, ils accompagnent en un contrepoint têtu nos chants contemporains
granit
allongé dans ce
pli
du paysage
qui t’attend depuis qu’il s’est fait pli
gorgé du hasard de ton absence
tu es chair traversée
sans frein
par le rayonnement du granit,
roche-mère qui lentement fait sol — laisse alors les mots s’échapper pour de bon : il faut qu’ils manquent une fois émis, inscrits à l’encre humique sur la page-forêt puis récités par d’autres que toi, louve ou lichen, limaçon ou lotier
REMOUX
Il se présente :