Les quatre points cardinaux
Le côté de l’horizon où le soleil se lève, voilà l’Est. Le côté où il se couche, voilà l’Ouest. A midi pile le Soleil indique le Sud. Le côté où il ne se montre pas, c’est le Nord. Nous venons de citer les quatre points cardinaux.
Afin de concrétiser la présence de ces cardinaux, observons cette gravure représentant un petit garçon, coiffé d’un béret, qui se tient debout au milieu d’un carrefour en étendant les bras. Nous en déduisons ce qui suit :
1° l’enfant porte un béret, alors la vignette provient d’une édition très datée ;
2° il peut s’avérer dangereux de rester planté à l’endroit précis où se croisent quatre voies ;
3° il n’est pas sûr qu’un membre du collège électeur du Pape emprunte un jour l’un de ces chemins.
L’écolier figure une croix vivante ou une girouette, selon vos convictions. Un détail de l’illustration nous permet de vérifier qu’il regarde le soleil se lever. Il fixe donc l’Est. Derrière lui, on en déduit que se trouve l’Ouest. Mais comment situer le Nord et le Sud ? Pour le Sud, il suffit de trouver le Nord : il se situera à son opposé. Pour le Nord, il convient de repérer l’Etoile polaire. Mais de bon matin, me direz-vous, la Petite Ourse n’est plus visible dans le ciel. De nuit non plus, d’ailleurs, vous rétorquerai-je. Comment reconnaître un plantigrade dans ce tracé improbable ? Ces astronomes étaient des poètes. D’ailleurs, afin d’essayer de rattraper cette bévue, d’aucuns parlent à son sujet de Petit Chariot. Ils affirment que l’Etoile polaire est le cheval de tête du Petit Chariot et qu’elle se trouve sur une ligne droite qui passe par les deux roues arrière du Grand Chariot (nommé Grande Ourse par les irresponsables évoqués plus haut), à cinq fois environ la distance qui sépare ces deux groupes d’étoiles.
A l’écoute de cet énoncé, le petit garçon balance au loin son béret en se demandant, d’une part, quel est l’abruti qui l’a affublé d’un tel couvre-chef, d’autre part, ce qu’il fiche au petit matin égaré en pleine cambrousse. La veille, à l’école, on lui a expliqué que son bras droit se situe à l’Est et son gauche à l’Ouest lorsque le Nord se trouve devant lui. Mais, à présent, c’est l’Est qui est devant lui. Donc, sa droite. Et si la droite se trouve déplacée au Nord, la gauche représente désormais le Sud et non l’Ouest. Il est déboussolé.
In : Leçons de choses et autres vues de l’esprit
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Le chemin de l’eau
La source invente
Le murmure
Imagine
La patience du souffle
Devient ru
Plus loin aborde les rives
Sans assez de voix encore
Pour célébrer la forêt
Avec le chœur de ses invisibles oiseaux
Bientôt s’enivre
S’éveille ruisseau
Plus encore ruisselant
Et de chanter le monde
A l’unisson du vent
Le chemin de l’eau est fier
Sans droiture inutile
A suivre la courbe du temps
Laissant le gravier en souvenir
Son flux s’amplifie
S’évase en rivière
Enlaçant les champs
De ses méandres lascifs
Se joint au fleuve
S’oublie en lui
Comme tant d’autres
Venues de monts lointains
Vers la vallée
Pour féconder son limon
In : Arsenal des eaux
GÉRARD LE GOFF
Il se présente :
Gérard Le Goff a été successivement enseignant en lettres, cadre administratif de l’Éducation nationale et conseiller en formation continue. Travaille la poésie et la prose (romans et nouvelles). Quatre de ses recueils de poésie ont été publiés par les éditions Encres Vives : Cahier de songe, De l'inachèvement des jours, L'Arrière-pays n'existe pas et Intermède vénitien. Quelques uns de ces textes poétiques sont parus dans les revues Haies Vives en septembre 2017, Festival Permanent des Mots en mars et septembre 2018 et Le Capital des Mots en novembre et décembre 2018 et en janvier 2019. La revue Traversées va publier une de ses nouvelles dans son numéro 90 : Le jardin dérobé. Les éditions Traversées ont par ailleurs retenu pour publication en 2019 (au courant de l’été) son premier recueil : L’orée du monde.
Lorsqu’il n’écrit pas, Gérard Le Goff pratique le dessin et la peinture, accompagné par une artiste professionnelle.
Son site :
https://gerardle-goff4.wixsite.com/monsite