Paula, ma chérie,
c'est une parole trempée dans la nuit que je t'envoie ce soir.
Où es-tu, je ne sais, mais je sais que tu m'entends, n'est-ce pas ?
Je sais que nous sommes plus forts de n'être pas toujours ensemble.
Mais, ce que je voulais te dire ce soir c'est que tu m'as rappelé,
tout à l'heure, en quelques mots qui m'ont fait pleurer, que je t'aime plus que tout,
et que j'ai comme une pointe d'amour au cœur en pensant à toi,
Et que ce dialogue joyeux entre nous ne doit point cesser,
parce que je suis venu au monde pour te chanter, ma chère, ma douce, ma ravissante Paula.
Cette enfant. Cette enfant qui était toi. Tu la prends enfin dans tes bras.
Elle te parle de ta mère, et vos yeux brillent. Tous ses signes autour de toi.
Toutes ses voix qui se répondent. Ton bon rire, Paula. Ton si vieux rire ma chérie.
Du fond des temps.
Du fond des temps.
Car tu n'es plus la prisonnière de tes pas à ne plus savoir où ni quand,
mais la femme libre que je décrivais dans un autre roman.
Même si tu fuis sous la caresse.
Ta manière de fuir la caresse, c'est ta manière de comprendre
sur une illumination
que ta peau peut être lustrée rien que par mes mots, que,
s'effleurant seulement la main, s'embrassant du bout des lèvres,
nous ne sommes plus les mêmes, mais que tout reviendra,
autrement,
car chacun a fait grandir l'autre et chacun dans le secret de l'autre va son chemin secret.
Si tu passes cette nuit dans ma ruelle, sache que c'est la ruelle de l'amour.
Tu y trouveras la clé des temps dans des livres, et une lampe pour ta soif.
Si tu ne te sens pas le cœur assez grand pour cela,
passe ton chemin,
et oublie tout.
Or je sais que tu l'as fait.
Que tu continues de le faire.
Pourquoi passerais-tu ton chemin ?
Je te garde, Paula.
Tout contre moi je te garde.
Je peux le dire désormais, tu es assez forte pour cela :
Dieu est une femme,
et c'est toi Paula.
Toi.
NICOLAS JAEN
Il se présente :
Nicolas Jaen est né le 2 février, dans le Sud-est de la France. Derniers textes publiés: Lettres à A., l'Atelier des grames; Bestiaire et La photographie absolue, éd. du frau.