MON AMOUR BANCAL
Je pense à toi ou tu t’imposes à moi en tes images, tes arc-en-ciel et boues, mes doutes. Comme objet d’habitation, force d’occupation doucereuse. Elément de souffrances aussi. Tiraillé que je suis alors que tu m’aurais appris en plus, quelques élans de jalousie.
Il est difficile de savoir sur quel pied danser avec la fiancée bancale, dans la brume épaisse. D’entendre la musique à cause du sourd bourdonnement, parasitage dans la tête. De situer la vérité, à défaut de la cerner et le vouloir. L’innocence, de la culpabilité. Pas simple de te serrer entre deux courants d’air quand je m’enfuis sur le fil, malgré des envies prégnantes ou pas assez. Dû à ta pénombre. Ton empreinte, tes marques, ton image subterfuge. Peut-être qu’en reculant la rencontre, l’impact, la fusion, je ne fais que croître le désir d’être contre toi. Peut-être nouvelle. Croyant encore en l’ultime embellie s’il faille savoir quoi croire.
Tu es le dilemme non par excellence mais incarné. La femme tirée par les cheveux, la gymnastique permanente, éreintante. L’ambiguïté modèle, la frustration printanière sur les montagnes russes et leurs climats aussi rugueux. L’objet aimé, mon sujet préféré. L’attendue protection devenue barreau et corde, incarnant le danger aussi, d’abord. Sournois. Bourreau attirant et craint, si proche de la peau, des songes en mon exil. De la douceur de feu, mortifère.
- août, sept 2018 -
***
ESTIVALE
Ainsi, il n'y aura plus de champs, avec nous dedans. Dans nos paysages nostalgiques, en dehors de ceux que tu imprimais déjà. De nos espaces que tu recouvrais. Il faut dire que le ciel est bleu et que je le vois à peine.
Au diable nos points communs, nos non-dit voltigeant comme des poussières. Des digues. Derrière les monts de nos envies et de multiples visages. Court la petite fille éclatée, que tu n'as jamais cessé d'être. A ton corps défendant. Hors du temps. Qui valait des facéties, des reniements. Je risque de humer des parfums d'éternité.
- juillet -
***
LA MAIN
Comme dans un lit où on ne saurait plus de quel côté se coucher. Quand on ne sait pas ce que va faire la main qui nous touche, de quel côté elle va verser. A peine nous-mêmes. Qu’on ignore ce que va faire le tiers à côté, et pourquoi il est là au juste. De quelle direction vient le vent. Quand on est plus réfléchi, détaché qu’en colère mais moins patient sur le fil, debout. Qu’on a envie, besoin un pas sur le côté, entre lassitude, fantasme et ressacs, de se ré-appartenir, se réinventer. Souffler. Copie conforme au patron de départ. Non contre le vent, la marée, la digue, les pieds dans la glaise mais dans le silence de la plaine.
Extraits de " Un été sans toi. Voyage en Ambivalence." Collection Coup du coeur, éditions Voix Tissées, 2019. Préface d'André Prodhomme.
ALAIN CHAPELAIN
Musicien. Compositeur. Ecrivain.
Plus d'infos : https://www.voix-tissees.com/boutique/Un-%C3%A9t%C3%A9-sans-toi-dAlain-CHAPELAIN-p150285894
" Un été sans toi. Voyage en Ambivalence." Alain Chapelain. Collection Coup du coeur, éditions Voix Tissées, 2019. Préface d'André Prodhomme.- DR