GRAVE À L’ORGUE
Grave à l’orgue et cierge en feu,
ciel ciblé par tant de flèches,
Te Deum à m’écarter les tempes !
Mais rien n’y a fait,
ne l’aura fait parler :
il n’est plus d’autre piège à Dieu
que mon silence.
La mise à sec étrangle mon cœur,
le somme de rendre l’amour.
Me voilà vide,
– rien d’autre en haut
qu’un ciel grimpé aux arbres –
vide à craquer,
et les crocs pour me percer
poussent plus vite que l’herbe en feu.
***
VITRINE
Le dieu qu’ils ont prié s’est tu jusqu’à la fin
et leur foi de naissance est à présent caduque.
Bien qu’ils soient amaigris, ils n’ont plus jamais faim :
est-ce à cause du trou qu’ils ont tous à la nuque ?
Qui peut avoir le cran d’oublier cet endroit
depuis que chaque jour en fait une vitrine ?
Bien qu’ils soient dénudés, ils n’ont plus jamais froid :
est-ce à cause du trou qu’ils ont à la poitrine ?
Bien qu’ils soient bouche ouverte, ils ne répondent rien.
Ils n’ont plus d’or aux dents – il est chez les orfèvres.
Sans doute est-il trop tôt pour que l’historien
donne un sens au néant qu’ils ont entre les lèvres.
PHILIPPE MARTINEAU
Il se présente :
Publication : « Crépuscule et autres poèmes traduits du silence », 2019 – prix d’édition poétique décerné par « Les Amis de Thalie », section poésie classique.