Les platanes
Je t’emmènerai
Là
Sous un de ces platanes
Qui bordent la fontaine
Ce sera le printemps,
Le début du printemps
Je t’embrasserai
Là
Sous un de ces platanes
(Ta robe à la persane
Et mes jambes de laine)
Ce sera le printemps,
Le début du printemps
Je graverai
Nos prénoms
Dans l’écorce tendre
D’un amour naissant
Ce sera le printemps,
Le début du printemps
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Myosotis
Si j’écris
Ici
C’est pour te dire
Que tout va bien
Je pense à toi
Je pense à nous soir et matin
Même si je sais
Je sais que
Maintenant n’y changera rien
Je pense à toi
Je pense à nous soir et matin
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1.
Sous la lune le phare
Projetait
Un rayon blafard
Les iguanes hurlaient
Quelque part
Leur mélancolie
Et j’annonçais le matin
Déjà
Sur une île perdue
Au milieu du
Pacifique
2.
Seuls
Les quatre murs
De ma mémoire
(Si vous les interrogiez…) :
Celui que vous cherchez
N’est pas parti
Bien loin
Il continue
Imperturbablement
Dans la glaise des désirs
A sculpter son amour
- Un amour
Aux courbes ciselées à coups de
Burin nostalgique –
3.
Et ça parle l’espéranto
Devant
Les enfants dessinent
Et légendent
De larges feuilles Canson
La mère assoupie
Laisse faire
Ils ne font rien de mal
Et ça parle l’espéranto
Devant
Les lumières de Reims
Déjà
Défilent sur les vitres
Et ça parle l’espéranto
Devant
(A moins que ce ne soit
- J’ai un doute -
Quelque tout autre
Langue)
4.
La bouteille est vide
Depuis plus d’une
Demi-heure déjà
On se laisse bercer
Sur le bord des rideaux
Vert pastel
“ Tu m’intrigues ”
Dis-tu d’un air amusé
L’ampoule du plafonnier
Est grillée
(Comme nous, je crois bien)
Et on se laisse bercer
Sur le bord des rideaux
Front contre front
Les pupilles dilatées
Par le manque à venir
CHRISTOPHE DURAND-LE MENN
Christophe Durand-Le Menn est né en 1974. Membre adhérent de la SGDL, il a publié à ce jour six recueils, dont Les Poches crevées, L'altération des contours, et Une autre que
toi (fragments) aux Editions Le Manuscrit, ainsi que Edward Hopper : en regard de ses peintures, en collaboration avec la poétesse belge Béatrice Libert, aux Editions Poiêtês. Sa poésie oscille
entre l'anodin et le merveilleux.
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OBSESSION.
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
Obsession
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PAS A PAS.
A pas lents,
comptés,
racontés,
décomptés.
A pas si lents,
qu'un pas, un instant, s'est figé.
A pas si lents,
que le temps a paru s'arrêter.
A pas si lents,
qu'il éprouve une pause pour ne pas trébucher.
A pas si lents,
qu'il regarde en arrière,
et raconte l'ingambe,
et recompte ses pas.
A pas lents
il tente de revenir sur ses pas.
Revenir sur ses tous, tous premiers pas.
Puis, à petits pas,
menus,
contenus,
soutenus,
il emboîte le pas,
et, par un pas de plus,
il gagne l'endroit,
du dernier, dernier pas.
JEAN-CLAUDE CAILLETTE
Jean-Claude Caillette anime un émission littéraire hebdomadaire "Le lire et le dire" à la radio Fréquence Paris Plurielle
106.3 .
Un roman concernant les rapports amoureux sur les sites de rencontres "Net plus ultra" édité chez "Le Manuscrit".
Un recueil de 80 poèmes "Anamorphoses" suivi de "Palinodies" édité chez "Le Manuscrit" .
Un recueil de nouvelles "Histoires profanes" à paraître. (Janvier 2008) .
Une autobiographie fictive imagée à base de publicités détournées.
(recherche d'éditeur) .
Peintures à l'huile.
Dernières oeuvres : collages et pastels gras. Jean-Claude Caillette prépare une exposition pour le printemps 2008
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Je vais vous raconter une histoire
Avant de s’endormir
La jeune fille entend ces quelques paroles
Comme un nuage perdu dans le ciel
Qui sourit plus tard
A la buée d’une vitre
Lorsque le prince charmant apparaît
Il est presque minuit
Le brouillard encercle son cheval
Mais il n’y prend garde
Car il a besoin de montrer patte blanche
A la forêt
Les jours de guerre
Le cor résonne
Et les vieux troncs peuvent admirer
Un visage
Elevé aux frises des églises
Derrière le bouclier qui garantit
Sa gloire
Repose le cœur d’un homme.
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Le donjon où elle vit
A la blancheur de son âme
Et l’eau des mers
Remonte jusqu’à elle
Pour mieux l’étouffer
Au chapiteau de la candeur
Elle ne quitte jamais
Sa corde raide
Quand je joue à faire la statue
Devant ses yeux
Cerclés de lunes
Qui ajoutent un peu plus de vide
A l’ombre de passage.
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Par hasard
J’ai quitté un château pour l’espace
Avec plein de fumée dans les yeux
J’imagine encore sa voix
Qui descend des nuages
Je viens de repartir
Mort d’avoir attrapé la rage
Au fond de la cale d’un avion
Peuplé d’idées clandestines.
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Belle et urticante
Vous demeurez jusqu’à son retour
Sur ce lit
Bercée par des ampoules
Pendues au matelas
A force de mensonges
Vous préparez une fausse cérémonie mortuaire
Vous allez bientôt
Entendre la voix d’un inconnu
Qui après avoir appris
Les plus belles histoires du monde
S’est échappé de la forêt
En coupant une guirlande en plastique
Prêt à vous découvrir
A moitié nue.
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Pour ma première fois
Ce décor stupide
N’a jamais existé
Tout le temps
Le portail de la forêt
Est resté invisible
Je n’aurai pas la clé de l’amour
Autant mourir
De froid dans le désert
Comme un bébé avant terme
Une limace qui aurait bouffé
Toutes les feuilles des arbres
Afin de se retrouver
Au pied de la grande porte
Sans porte et sans nuages
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Une femme dans cette caserne
Viendra-t-elle me libérer
Des corvées de l’ordinaire ?
Depuis que j’ai pris un abonnement
Chez cette prostituée
Dont la tête ressemble à un cadenas
On ne sort jamais vraiment
De notre baraque à briques mouillées
Et ses lèvres sont rouges
Comme le mur d’où je saute
Tous les matins
Dans la boue
Un jour je pense
Le ciel se fera descendre
Par l’absence d’horizon
PATRICE MALTAVERNE
Né en 1971 à Nevers, Patrice Maltaverne a publié des poèmes dans une vingtaine de revues ainsi que les textes suivants : « Comme une
lampe qui s’éteint », « Descente au nadir », « La fête seule », « Triste rage », « Le don du sang de la demoiselle en tailleur gris », quelques
« Mauvaises nouvelles » dans la revue « Alpes Vagabondes » (2003), « Après » (Hors séries de la revue 22 ! Montée des poètes en 2006), « Samson des
bidonvilles », supplément de la revue « La vie secrète des mots » et « Sans mariage » (collection Polder de la revue « Décharge ») en 2007.
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Apocalypse
les yeux de craie
- qu'importe la fenêtre -
s'effritent au bleu
du temps passé
il n'y a plus de pas
pour aucun chemin
ni de danse
pour quelconque lumière
la vie est lieu
du disparaître
et le dernier
éteindra les siens
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A même le seuil
la pierre est là
par la sueur
et par le bruit
d'ombre en fuites
posée à même le seuil
en limite de pas
pierre subliminale
d'être, le dévouement
si près des boues
la pierre reste là
à offrir lèvre à la porte
dans le silence des ronces
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Port de Salau
dans un chant de vent
l'eau se glisse
sous la pierre
en chemin inverse
il est trop tard
pour la brume
et l'aigle
ne pourrait s'en repaitre
mais déjà le lointain
trompe la poussière
dans l'ombre inlassable
des versants endormis
pierre du chemin
ton langage
magnifie le pas
pour qui sait poser le pied
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Matin froid
le matin est toujours froid
et vide
de sa bouche appauvrie
il n'est plus de baiser
élancements de solitude
dans cette vie en ruine douce
le vieux chat s'en moque
qui endort la sienne
enroulé dans le canapé
entre ombre et silence
en proie aux reflets
d'un miroir féroce
le soir est toujours froid
et vide
DENIS HEUDRE
Denis Heudré : « Je suis né en 1963 à Rennes et demeure très attaché à ma région. Je participe ainsi à la rédaction de biographies
d'auteurs bretons dans l'encyclopédie libre sur internet Wikipédia. Je suis également adhérent à la Maison de la Poésie de Rennes.
La plupart de mes poèmes sont diffusés sur internet dans son blog à l'adresse http://dheudre.over-blog.com.
J'ai publié également mes poèmes dans de nombreuses revues telles "La Page Blanche", "Mots à maux", "Nouveaux délits", "Microbe", "Le Moulin de Poésie", "Soleils et Cendre", "Point
Barre", etc.
Je veux une poésie courte, directe en prise directe avec l'en-soi mais avec une langue belle et touchante. Je recherche la poésie dans les petits riens de la vie. Ici point de titre ni de
majuscule, laissant au lecteur le soin de créer sa propre hiérarchie dans les instants croisés. »
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Ecris-moi une île
Ile Verticalité de clocher par dessus l’immensité des blés
Ile Légèreté d’aile suspendue de larmes
à l’aplomb du ciel
il ou elle
désirs séparés d’eau qui dépose ses mousses et ses rouilles
eau enjambée eau traversée
mémoire d’eau où s’imprime le passage de l’autre à l’Un
Aborder à cette terre autre
séparée du regard
Point aveugle qui accède à l’inconnu
Creuser en amont du secret
Devenir île sauvage et première
Préservée de l’enlisement du siècle
Ecrire à tire d’elle
A la verticale d’il
Déjouer la folie
Accoster à l’enfance en amont de la parole
Dans l’immédiateté de l’eau
GENEVIEVE BERTRAND
Geneviève Bertrand est née en 1949 à Montpellier – à proximité de cette terre cévenole « lieu d’attache qu’aucun ailleurs ne saura
dénouer ».
Etudes de philosophie – terminées à la Sorbonne.
Après l’exil parisien, le retour en Provence en 1983 constitue une réconciliation intérieure d’où jaillit l’écriture.
Les échanges avec J.L. Pouliquen, Jean Bouhier( 1997/98..) et Hélène Cadou l’aident à avancer dans sa pratique.
Publication d’une demi douzaine de recueils.
A participé à diverse revues : Poésie terrestre, Traces, Les cahiers de la Baule, Filigranes, Souffles….
Membre actif du Scriptorium – association de poésie animée par Dominique Sorrente et de la revue d’écriture Filigranes.
Vit actuellement à Coudoux – village provençal en bordure de la colline et réputé pour son huile d’olive.
Travaille comme documentaliste dans un collège aux Pennes Mirabeau.
Favorise la création d’ateliers d’écriture et anime le « printemps des poètes ».
Aime jardiner et écouter pousser les plantes comme on écoute pousser les
mots.
Pratique l’Ikébana (art floral japonais), voie millénaire d’écoute de la nature et de ses rythmes, de mise en lumière des fleurs, de dialogue avec les
branches.
Bibliographie complète :
Saison Vives (Petit Véhicule éditeur)1998, Elles(La Bartavelle)2000,Une fenêtre
claque
(Clapas)2000, L’enfance à venir (Encres Vives) 2001 (Mention prix Gaston Baissette en 2000 de la Compagnie des auteurs méditerranéens), Ephémérides du silence (Encres Vives)
2005
Froissures (Cahiers de poésie verte) 2006 (Prix troubadours 2006 ), Brûlure du
silence
(Encre et lumière) 2007 (Recueil de haikus accompagné d’encres du peintre L.X. Cabrol)
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