Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS n°1-Novembre 2007- Alain Suied-Camille Aubaude-Laurent Fels-Eric Dubois

Publié par LE CAPITAL DES MOTS ( revue de poésie) sur 10 Novembre 2007, 00:00am

Catégories : #poèmes

 
LACAN, HEIDEGGER ET LE PETIT POUCET





Contre les idéologies meurtrières
les Dogmes et les meurtres d'hier
le Poème sans fin réitère
ce que jamais il ne faut taire :
dans l'Archaïque, le meurtre du père
eut lieu et se suggère
dans le cerveau reptilien qui erre
mais une voix parfois sévère
s'élève un peu comme une prière :
il ne faut pas partir en guerre
contre son appel et sa lumière
il faut se mettre en route vers
le rêve fertile qui succède au désert.




Les maître à penser d'hier
voulaient incarner le père
manipuler les pensées pubères
avec des jargons délétères...
La vie est fragile sur la Terre :
laissons ces combats à l'Enfer!
Fascisme, Intégrisme rouge ou vert?
Il faut choisir le mystère
il faut vivre le cœur ouvert!


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VIII
 

Espaces! Aller librement
dans vos dimensions inconnues!
Mais un regard
porte sans doute
quelques poussières lumineuses
de vos mémoires.
 

 

 

Espaces! Vous traversez
l'étincelle de nos instants
vous connaissez l'origine
et vous offrez la vibration
du vivant.
Mais un regard
porte sans doute
quelques traces mystérieuses
de vos savoirs.
 

 

Le monde s'ouvre à chaque instant
dans un regard.
 

 

 

Espaces!Vagabonder
avec vous! Mais un regard
nous rappelle
à la teneur du monde
nous rappelle
à la grandeur du partage.
 

 

 

 

L'infini s'ouvre à chaque instant
dans un regard.
 

 

                                                                                 
                      ALAIN SUIED
 
ALAIN SUIED. Né en 1951.

 

A publié :

 Le silence (Mercure de France),

 La lumière de l’origine (Granit)

 Prix Verlaine,

 Le premier regard (Arfuyen) 

Prix SGDL,

 L'Eveillée (Arfuyen) ,

 Laisser partir (Arfuyen).

 

 

 

 Poète de la Présence, Alain Suied se tient à l'écart des compromissions du temps

mais au cœur des interrogations porteuses d'avenir.

 Il voit dans le Poème l'exercice de la liberté individuelle face aux idéologies et aux

dogmes de la Totalité.

 
 
 
 
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Vers une Ile
 
Amateur de frisson
Au cœur plein de passion
De fatras et de rêves
Emplis tes rétines
Comme un kaléidoscope !
 
Un bois, une saline,
Une maison en ruine
Les vallonnements bleus
Où Icare et les dieux
Traversent l'horizon
 
La beauté insensée
Qui fait ployer l'échine
De l'ânesse égarée
Au bord d'une lagune
La beauté d'une île.
 
Doué de seconde vue,
Découvre les mille
Chemins que Dédale
A dessinés en vue
D'aller vers l'infini !
 
                                               Saint Martin, le 11 juin 2007
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Urgences
 
 
Aveugle j'étais et sourde,
Aux urgences de Bicêtre
Longs couloirs où un être
Va périr, dans le silence
Des médecins, grand mouroir
Où, père, ton vieux corps
Lutte encore contre la Mort.
 
Grand désespoir du malade
Offensé dans ses rides
Et ses frêles cheveux blancs
Grande fureur des familles
Qui dérangent ces docteurs
Etrangers, quand l'un des leurs
Lutte contre la Mort
 
Je vous dérange, Madame,
Vous qui avez étudié
Un « protocole » ! Quel drame,
Ce rejet de l'amitié,
De la fantaisie, du rêve
Quand un chant si doux, un songe
Lutte encore contre la Mort
 
Il crève les ténèbres
De ses peurs innombrables
Aveugle j'étais, et sourde
Aux urgences de Bicêtre.
  
                                                           8 juin 2007
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L'Heure de none *
  
Sur les grands arbres de Gentilly
Les feuilles remuent dans le ciel
Ramure qui dissout le soleil,
Arbre dieu, tu crucifies
De ta sève nacrée les Furies
Aux colères portées en bannière
Quand le Temps démolit la Demeure
Du Poète, son talent aussi
A l'heure immense, l'heure de none.
 
A l'heure immense, un grand silence
S'élance au beau milieu des ruines
Les voitures sans pitié, les livres
Et les bus s'enfuient là où s'avance
Le grand front abîmé du poète.
Et les travaux radieux des mots
Se disposent pour surgir des eaux
Long parcours de mille rivières
A l'heure immense, l'heure de none.
 
Rivière intérieure, tu entraînes
Sur les rives d'une adolescence
Ô rives noires de la Bièvre
Qui ne coule plus telle une reine
A Gentilly. Reine gentille
Fruit invisible de l'étoile
Lourde, pendue au gibet, elle brille
La tête de Blanche de Castille
A l'heure immense, l'heure de none
 
Les feuilles sont nues, juste une masse
D'arbres sans tronc dressés vers un ciel
D'aube, quand le poète ramasse
Des éclairs dans la nuée qui chancelle.
 
CAMILLE AUBAUDE
Camille AUBAUDE, Docteur de Lettres modernes, vient de publier un nouveau recueil, les Poèmes d'Amboise, "des formes médiévales, des rondeaux pour parler des charmes de l'Orient" (La Nouvelle République, 13 octobre 2007). Elle dirige une collection de poésie "La maison des pages" aux éditions Publibook (Nouvelles éditions universitaires), anime l'émission les « Dialogues de poésie » à la radio d’Amboise, et préside l’Académie Littéraire de France et d’Outre-Mer (ALFOM), au Sénat (www.camilleaubaude.com).
* "NONE", de nona hora, neuvième heure du jour, quatrième partie du jour qui commençait après la neuvième heure.
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SUREAU
 
    
 
 
"Un vieux sureau laisse mûrir au soleil des myriades de baies noires et brillantes."
Maurice GENEVOIX 
 
 
Le long des allées
l’odeur
d’une vaste mélancolie
s’est dissipée
dans le cœur des amants
jadis blessé.
 
 
Feuilles tombées
sur cette main tendue
vers celui qui a oublié
la quintessence prémonitoire
d’un rêve.
 
 
Comme les chrysanthèmes
cueillis pour celle
qui avait dit
 
            « Je t’aime »
 
l’ombre du chèvrefeuille
efface cette plaie
qui a cicatrisé
son germe pénible.
 
 
Témoin
des premières amours
offertes en catimini
le sureau choit
sous le poids de l’indifférence.
 
 
 
 
 
 
 
© Laurent FELS, 2004, inédit.
LAURENT FELS
 
 
Laurent FELS a fait des études supérieures de langues et littératures classiques et modernes à l'Université du Luxembourg et à l'Université de Metz. Il consacre la plus grande partie de son temps à la recherche en littérature et s'est spécialisé dans le domaine de la poésie française des XXe et XXIe siècles, de la poésie et des philosophies d'Asie et des littératures ésotériques. A l'heure actuelle, il s'occupe de quatre travaux importants : une lecture ésotérico-philosophique d'Anabase de Saint-John Perse, une anthologie de la poésie francophone du début du XXIe siècle, la première édition érudite des Oeuvres poétiques de Marcel Pagnol et la réédition des Oeuvres complètes de Millevoye en six volumes.
En 2006, il a été élu à l'Académie Européenne des Sciences, des Arts et des Lettres.
Il est également membre de nombreuses institutions littéraires dont
  • la direction des Editions Poiêtês
  • le Comité d'Honneur du Courrier International de la Francophilie
  • le Comité des Editions Estuaires
  • l'Association des Amis de la Fondation Saint-John Perse
  • le Centre de Recherches Scientifiques Pagnolesques
  • l'Association des Amis de Marcel Pagnol
  • la Société des French Studies (Oxford University)
  • la Société de Littérature générale et comparée du Luxembourg (Université du Luxembourg)
Quelques œuvres de poésie : « Intermittences » (Editions Joseph Ouaknine) « Comme un sourire »(Editions Joseph Ouaknine, 2006) « Le cycle du verbe » (Editions Joseph Ouaknine,2005)
          
 
 
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CHANT DE L'ENNUI

Tu prends corps avec le vide autour de toi
dans lequel tu glisses ton ennui

Des mots tu ressens le besoin de les dire
à l'interlocuteur en arrêt devant toi

S'il écoute ton silence choisir des mots
qui ne peuvent sortir

De ta bouche dans la fièvre de l'instant
qui méprise l'ennui dont tu tires la source de tes mots

Et que tu portes tel un drapeau sans motif
dans les rues pleines de gens pressés

Dans le tumulte des moteurs
et le brouhaha des conversations


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LE SOUFFLE DU TEMPS
 


Tu es l'étoile et son cerceau
la main le geste

Attendre que l'aube divise

Et le souffle du temps
sur les lèvres de la nuit
donne un baiser

Sur les bords de Marne
tes traces à la craie

Les souvenirs qui disparaissent
sur ton chemin


ERIC DUBOIS
 
Eric Dubois est né en 1966 à Paris. Poète, lecteur-récitant et performeur avec l’association Hélices et le Club-Poésie de Champigny sur Marne, plasticien. Fondateur de la revue « Le capital des mots ». Auteur de plusieurs recueils dont « L’âme du peintre » aux éditions Encres Vives, « Estuaires » aux éditions Hélices, entre autres. Nombreuses participations à des revues : « Les Cahiers de la Poésie », « Comme en poésie », « Résurrection »…Site : www.ericdubois.fr . Blog : www.ericdubois.fr.st .
 
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