LE CAPITAL DES MOTS n°1-Novembre 2007-Gilles Bizien-Fabienne Alliot
1.
Oiseau métal, machine du ciel - souffle - envol au cœur comme main sur le front. Promesse source, transversale, ascension vers la peau, vers les
lèvres.
Lié aux vagues, aux tourbillons évanescents. Route, route de nuages, boyaux invisibles sur l’espace. Tôt ou proche, cacher, enfouir l’arc-en-chair
dans l’égout du firmament.
2.
- étincellement - vitesse, sortir de l’image et des canaux par les larges fjords de la sensibilité, toucher les pinces métalliques du futur. Temps
éviscéré, fouillé, bâti, pour un baume de ciel, un mutisme confortable, pour que grille la torche des yeux. Incision, ce qui reste en nous ou fuit entre les feuilles des doigts. Tombe de jade,
nudité cristalline, nuit à peine contemplée, aimée, nuit contemporaine.
3.
Trouée - d’inépuisable - raviver la flamme, faire fondre le sable feuille sous le fleurissement du pas. Temps mort, arrêt, installé dans l’ombre comme dans un trop pur ruisseau. Route des eaux, éteinte, adoucie sous les
cendres, les neiges orangées. Route des eaux, jaguars rivaux de l’urgence.
Monde qui se souvient du monde, avance, dépèce, trahit le partage entre le figement et l’éclat. Dépaysement, fragilité, sur la roue tremblante des
pupilles. Falaise fermée du torse, incision, labours jusqu’aux nerfs, jusqu’aux os. Braise du cœur, glaçon de radium sur la paume, rayonnement, lumière alimentée par peu, par rien. Jungle chair,
traverser l’opacité, vers le sommet, vers l’organe du haut.
Il faut bercer la chair sous des houles sauvages, nourrir le ciel et l’horizon, remplir le
grenier des soupirs aux commissures des lèvres. En perdre le moins possible, ne rien perdre, réchauffer l’éphémère dans le brasero usé du pavot, il faut se souvenir de soi, des naissances qui
précèdent le soleil, des naissances de l’hiver et ses graines bleues provisoires.
4.
Le verdoiement est sous la terre, l’horizon est une tige de cuivre que toutes les errances courbent. Comme la mer témoigne de l’éternité du sable,
la main est une empreinte invisible sur le vent, une collision muette abrégée.
5.
Hiver sans pli, ciel cristal, dans la mer du dessus le gris est en miettes. Le gris paralyse l’ombre, parle avec franchise tout en
frissonnant.
L’aube est visage, parcourue, des passages invisibles s’y ramassent. La chair que l’on respire est vierge et lointaine, primordiale.
Rien ne change, tout tourne sans fin sur la roue sanguine inscrite dans le dénuement. Voisin des cieux comme des gouffres, voisin des bidonvilles
comme des palais, intime du mirage. Logé au travers du ronronnement industriel de la profondeur.
Après la nuit, pluies translucides, ruisseau autant qu’aurore, boréal du ruissellement.
6.
Mains safranées
de la poésie
regard
presque le monde
sueur
sang
mince mélancolie des astres
est-ce possible
( le cœur comme une jade bleue )
de vivre sans
révolte
sans le savoir sensible du sable.
7.
Rocs bleus
comme des miroirs
pour la blondeur ouverte
une mesure
de sable
- hologramme de la patience -
joie assouvie
lande et mer
en une seule parole
dire
avec les mains et le sel
le pouvoir du baiser
l’étincellement
tourné au large de
l’éclat.
8.
Petitesse
insignifiance
ma taille est celle d’un grain
d’une perle
à l’extrémité du firmament
front intouché
sans brume
sans neige ou particule bleue
°
assures-tu encore mes pas
corde d’or
filin d’amour
fleur froide.
9.
Est-ce parole
infinités filaments d’ivoire
parallèles à la source
tu pirogues
sur le chapiteau ciel
à contresens
des visages et des fleuves
au revers de la rive
second corps
- le tien -
soufflé
au méridien de verre.
GILLES BIZIEN
Gilles Bizien
est né le 27 octobre 1970 à Harfleur (76). Il écrit et peint depuis son plus jeune âge. La création prend une grande part dans sa vie mais il aime aussi la mer, sentir le sable humide sous ses
pieds, deviner des étoiles derrière l’horizon, voyager par les êtres, échanger, contempler les mondes passés, présents et à venir.
Il a publié
dans de nombreuses revues: Décharge, Mortibus, Comme en Poésie, Poésie Première, Géante Rouge...
Son
blog:
http://gilles.bizien.over-blog.com/
------------------
Le train
Les plaintes d’une mère
Aux tonalités de consolation
Trahissent les refrains du train
Les regards des passagers
Brisent leur silence
Fragments de sentiments
Entendent-ils le râle du train ?
Sonorité à la traverse de la vie
Destination aux multiples arrêts
Les caresses de la main
Sur son enfant immobile
Cherchent du sens
Vont-ils rester en rade sur le quai ?
------------------
L’ombre
Tambour gronde, trompette sonne
L’ombre réanimée surgit du banc
Pulsations rythmées
aux
battements du tambour
Respiration unie
au
souffle de la trompette
Elle dévoile dans l’espace étriqué
les
arabesques de son corps
Tourbillon de délire qui s’imagine revivre
Ses yeux pénètrent des regards sans reflet
Dans la foule figée aux visages ternes
L’élan du métro ferme le rideau
Avale les musiciens et les autres
Le spectacle est terminé
Sur
le quai, un homme oublié
------------------
L’intrus
Corps désarticulé
Mains abandonnées
Regard blessé
La rue est aveugle
Il crache sa révolte
De mots asphyxiants
Les lâches apeurés
Pressent le pas
L’enfant tiré par la main
S’interroge
------------------
Face
Face au mur
L’ombre trace les mots
Qui s’éteignent
Dans la lumière en fuite
Face à l’amour inconnu
L’ombre trace la solitude
Qui s’endort
Dans l’amertume
Face à l’exclu
L’ombre trace la déchirure
Qui gémit
Dans la blessure
Face à tant de mépris
L’ombre pousse son cri
------------------
Sortir de la page
L’abandon entre les griffes
Du livre des maux
Sortir de la page
Prendre son envol
Dans celle du ciel
Que ses orages lavent les plaies
Que ses nuits les pansent
Que ses jours les libèrent
S’ébattre dans les paysages
Enlacer tous les visages
Fusionner avec le vent
Dans sa douceur sa force ses parfums
Même dans ses tornades
S’évader au-dessus de la mer
Se soûler avec ses vagues
Et renaître
Sous le signe de la vie
Au sang purifié
Rouge d’énergie
------------------
Le départ
Son cœur bat dans la douleur de ses pas
Elle s’efforce de garder leur présence
Ils sont là
Comme un vêtement chaud
Les couleurs aimées
L’odeur respirée
A chaque instant
Elle écoute les flots de paroles
Bientôt ils raisonneront dans le vide
Les au revoirs sont des coups
Les baisers qui se pressent
Qui s’empressent
Seule sur le palier
Ses yeux de larmes
Elle s’en retourne
Tête penchée sur sa main
La solitude traverse sa gorge
Elle titube et fuit
Dans les images de rêve
Qui apaisent
FABIENNE ALLIOT
Fabienne Alliot, membre d'Hélices à Nogent sur Marne et du " Chaînon poétique" à Champigny sur Marne. Participation
aux revues "Le Chaînon poétique" , "Comme en poésie".Publiée dans l'anthologie "Poésie sur Marne" Hélices, collection "Poètes ensemble". http://helices.poesie.free.fr
------------------
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article