LE CAPITAL DES MOTS n°1- Novembre 2007- Jean-Pierre Nedelec
Heureux comme ma pelisse…
Eurovélojournal 2006
pour M.
Ils ont traversé le bourg
Comme une flèche
Juste le temps de nous dire :
Le grand blond et son vélo noir
Reparaît incertain a-t-il perdu le nord ?
Ou le ch’nord mais c’est ailleurs
D’Arzal nous irons jusqu’à Sainte Reine de concert
Z’aimez de concert ? un peu vieux ?
Mais avec un batave ? un peu vieux aussi ?
Bicycler est peut-être affaire de langage
( Sainte-Reine de Bretagne)
C’était couru d’avance : arrêt à Saint-Florent
Devant la maison du Gracq
Celui qui ne bénit pas les sept collines
Comment le compère se fiche du château d’Argol et tout le bataclan
Quand sourit la belle rousse rosie face au vent :
Mignonne, allons voir si mon os…
Un amoureux l’attend à Nantes par avion d’Irlande
Pourquoi ne pas le vent dans le dos ensemble s’imagine mon bartlebicycleur
Enfin !...le vent…
(Saint-Florent-le-vieil)
Pour Thierry G.
Que sais-tu du vent ?
Du Vent devrais-je dire ce royal qui brise plante largue
Tu fais le savant parce
Qu’il me pousse le dos
Sais-tu qu’il se présente toujours
-allons ! allons !..
-d’accord : presque
-de travers, l’oreille en un trouble parfait
Que sais-tu de nous ?
(Candes-Montsoreau)
A trop traverser les coteaux
Il imagine que Vin et Vélo
Ont plus qu’une lettre en commun
Tant qu’à faire on appelle Rabelais à la
rescousse
Anjou, Saumur, Touraine, le bitume
Eut-il été exquis pour
Charles-Albert
Sans l’amitié des cépages ?
(…et une pensée pour Réda ! Une !)
( Tours )
- Vous venez
d’où comme çà ?
Les attentes sont modestes
Çà fume et çà boit les visages se dénoncent
Et pas un n’imagine que nos réveils
Sont plus doux que les leurs
On connaît, on a donné, on n’embrasse pas les anges
Il lâche : je viens de … aujourd’hui
Il y a cinq jours j’étais à …
- faut du
courage dit le gars
Comment lui dire bien moins qu’à toi mon pote
Tes paupières plus lourdes chaque matin
Que nos sacoches trop lourdes
( Orléans )
A Cosne sur la berge de Loire
Un pêcheur sous la lumière du soir
Pente empierrée du quai
Cornes tendues le vélo s’imagine
Compagnon des poissons-chats
( Cosne sur Loire )
Ayons la force de rejeter
Nos
hérétiques nos païens
Nos
ignorants de la foi
Ceux-là qui geignent du cul
Au
premier tour de pédales
Et
Qui de leurs bagnoles
Ecrasent les reliefs du Monde
Savent-ils seulement marcher ?
( Montceau- les- mines )
La glisse
silencieuse quand roue
Et route se font
caresse
Et les fourrés
surpris
Ces mystères qui
fuient
Et un jour ce
renard qui ne t’a vu venir
Ce marcassin qui
n’en revient encore pas
Furent compagnons d’un vertige
(
Zillisheim
)
Si proche si lointaine la basilique au bout des champs
Le serpent du chemin te nargue
Le clocher promet l’accord d’un village
Si cheminée volutes vapeurs où sont les vents ?
Qu’elle est longue la route pour s’en garder les yeux
( Dampierre )
Deux hommes sur le chemin
Et le voilà qui se remet à l’humain
Père et fils roulent en harmonie
Temps d’arrêt : le voyage est intense
A Montceau les mines sont passées
Déjà le fils n’en garde que la mémoire du père
( Blanzy )
Il y a des routes gentilles
Il y a des routes méchantes
Celle qui va de Wyhlen à Rheinfelden est méchante
Elle lance des gros rails en travers
Mâchoires pour attraper les roues
De vélos les petits les sans grade
Roue tordue Pépé dans les orties
( Wyhlen-Benken )
D’un fleuve à l’autre
De la Loire au Rhin
Du Mor bihan au Boden See
Le vélo l’aurait-il dompté ?
Il pédale comme il respire
Les coteaux du fleuve lui rappellent
Il en sourit les taquines limites
De sa mécanique humaine
(Konstanz)
(extraits)
JEAN-PIERRE NEDELEC
Jean Pierre Nedelec est l'auteur de Danielle Collobert et le Bretagne, éd. Blanc Silex 2002; et de Notes pour
Eros, éditions La Part commune 2006. Il a conçu et préfacé Lectures pour Jean Vilar, de Georges Perros, éd. Le Temps qu'il fait 1999. Publiant dans plusieurs revues, il collabore
régulièrement aux Cahiers Paul Léautaud .
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