GILGAMESH
I
Je bâtirai un rempart
pour la verte Uruk
je toucherai les limites
du monde
je combattrai le monstre
de ma propre illusion
mais reviendras-tu, Enkiddu?
II
J'ai plongé dans l'océan
premier, j'ai arraché
la fleur de la guérison
j'ai vaincu le soleil
dans sa course
je n'ai pas déchiffré
le secret de l'immortalité
je n'ai pas retrouvé
le chemin de l'enfance
mais reviendras-tu, Enkiddu?
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Le regard traverse
toutes les dimensions du temps
tous les silences de l'espace
le regard sans chair
traverse les générations
jusqu'au premier désir
inconnu.
Es-tu cette pure offrande?
Le regard ne sait pas voir.
Il accueille l'horizon
il scrute le passé
et il donne le monde
mais il ne voit pas
la demande peut-être
inutile.
Es-tu cet obscur oubli?
Dans le noir de la pupille
le regard, est-ce un miroir
est-ce un jeu d'ombres
est-ce un reflet de la mémoire?
Le regard est-il une parole
sans langage, un cri
sans témoin, pure offrande
ou pur oubli?
Tu existes à travers
le temps et l'espace
tu existes dans le regard
de la première lueur
inconnue.
ALAIN SUIED
ALAIN SUIED. Né en 1951.
A publié :
Le silence (Mercure de France),
La lumière de l’origine (Granit)
Prix Verlaine,
Le premier regard (Arfuyen)
Prix SGDL,
L'Eveillée (Arfuyen) ,
Laisser partir (Arfuyen).
Poète de la Présence, Alain Suied se tient à l'écart des compromissions du temps
mais au cœur des interrogations porteuses d'avenir.
Il voit dans le Poème l'exercice de la liberté individuelle face aux idéologies et aux
dogmes de la Totalité.
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