LE CAPITAL DES MOTS n°4- Février 2008- Jean-Pierre Nedelec
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Eurovélojournal 2006
Il faut qu’il m’explique
Toute la journée braqué sur
Des petits culs ronds francs sur la selle
Et le voici en pâmoison ébahi
Par les squelettes travestis de l’Egon
Quel rapport entre l’art et la vie ?
( Tülln )
Qu’est-il passé faire passage Freyung ?
Hors sa monture il ne cherche pas le luxe
Il se prétend sur les pas de Léon alias Bronstein
La maison est close
Enfin … c’est une façon de parler
( Wien )
Traverser Vienne de bon matin
Un brin de route avec les chevaux des fiacres
Vont au
boulot un dimanche
Dans la très catholique Austria
Pas de messe pour les canassons mes frères
Au Prater mon cavalier s’emballe
Course des femmes
Soleil
Vous devinez…
Regarde devant toi sacripant !
( Wien )
Le Vélo a de l’allure
Mais l’arrière boutique la honte !
Emballages plastiques vieilles sacoches souillées
On dirait des bohémiens
O Gypsies ! Gypsies !
D’ici
apercevrai-je la Bohème ?
( Hainbourg )
Dès qu’il me dépose trop longtemps
Avalanche de bobos : les genoux le dos …
Il ne sait pas encore que nous serons inséparables
Sauf bien sur … mais vous savez
( Schönau )
J’ai bien compris qu’il n’était pas tranquille
Quand d’autres mains se sont posées sur moi
Ici les manières ont le verni d’un passé
A l’hôtel un vélo est un client comme un autre
Le sovietgroom tient à le lui rappeler
( Bratislava )
Peu de confrères ici de quoi friser l’ennui
Pas lui bien sûr cohabite avec patineurs et patineuses
Surtout celles-ci quand tout est promesse
Çà le poursuit un morceau de bitume
Il a l’air heureux en soupçonne le soleil
( Cunovo )
Monsieur s’aimerait international
Dire demain à ses amis :
J’ai rencontré la moitié du Monde
Avons roulé aujourd’hui avec un slovaque deux américains
Un obstiné tchékoslovaque une triplette d’autrichiens
Une armée magyare des nostalgiques du huitième reich
Un banquier de Vaduz mais …
Il ne retient que la jeune femme
D’où qu’elle soit importe peu
C’est avec elle qu’il a roulé
Pour presque rien une minute de songe
( Cicov )
Il nous faut quitter le silence des chemins
Retrouver l’enfer des
moteurs
Il n’est pas dans son assiette
Sans arrêt sur le rétro
Moi l’asphalte ne me dérange pas
Je tremble un peu moins lui aussi
Mais sa tête est une bourrasque
( Radvan nad Dunajom )
Tenté par le bateau mon
cocher
Mais les bateaux ne sont pas aussi lestes que les vélos
Je me serais bien vu à la poupe :
Maître de la Duna
Lui ? Sans me quitter des yeux
D’une bière magyare se récompense de mes rêveries
(
Vac )
Tahitotfalu : les noms ornent le voyage
Sur l’île magyare parfum d’Océanie
La chaleur moule les filles
Mon cocher rêve
Tant d’heures à vélo n’ôtent rien à sa coquinerie
Sans regret il admet que Pocsmegyer
N’est pas le mirage de Porspoder
( Tahitotfalu )
Pour Jakez B.
Ce n’est pas la première fois mais hier
Me portant à l’étage il chantait :
« t’as voulu voir Buda et tu as vu Buda… »
Vous
connaissez ce refrain ?
Est-ce seulement signe de gaîté ?
Sauf quand nous roulons au milieu des champs
Et que les oiseaux donnent le la
( Pest )
extrait
JEAN-PIERRE NEDELEC
Jean Pierre Nedelec est l'auteur de Danielle
Collobert et le Bretagne, éd. Blanc Silex 2002; et de Notes pour Eros, éditions La Part commune 2006. Il a conçu et
préfacé Lectures pour Jean Vilar, de
Georges Perros, éd. Le Temps qu'il fait 1999. Publiant dans plusieurs revues, il collabore régulièrement aux Cahiers Paul Léautaud .
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