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CALIFORNIA DREAMING
Je ne suis qu'un poème aux cheveux longs, skinhead et blouson noir, adepte du flower power, qui chevauche des Harley-Davidson de rêve dans une
symphonie éblouissante en technicolor et panoramique. Dans mon oeil d'or se reflètent les traces d'apocalypses anciennes, temps de destructions et de renaissances, boucles suaves de la misère,
rackets et dépossessions en tous genres. Mon gang pille les cathédrales avec la ferveur d'une panthère affamée, chassant le gibier de potence pour en nourrir les portées de ses fresques. Depuis
ce hamac de velours dans lequel je me prélasse, je tire des feux d'artifice à base de missiles balistiques à haute densité énergétique, on m'appelle tomahawk ou patriote suivant les époques
révolues mais toujours en mes veines coule le sang des kalachnikovs, rafales de braises qui clouent sur des piloris de soie les corbeaux de la mémoire et du souvenir en guise d'ostensoir à
réveiller les morts. Hell's Angels sont mes frères qui portent des anneaux de feu sur leurs doigts de vent et anéantissent l'herbe des faubourgs dans des calumets de pierre verte, tétanisant les
mustangs et domptant les broncos de leurs velléités flamboyantes.
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ANNEE-LUMIERE
Année-lumière comme un torrent de soie
Qui jamais ne s'arrête
Et virevolte au gré du vent
Qui le caresse gaiement
Année-lumière comme la source de la joie
Qui le contemple sereinement
Un sourire au coin des yeux
Dans un regard émerveillé
Année-lumière comme un mouvement immobile
L'aube d'un parfum de coriandre
Bien avant la semence du vent
Là où se tient le jasmin
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CHAUDRON MAGIQUE
Routes et chemins sont faits pour être parcourus sauf pour les éclaireurs qui ouvrent des voies. De Villon à Rabelais, tous quittent Alcatraz
pour rallier Compostelle mais leur destination s'appelle Nowhereland, plaisir d'ouvrir une autre piste vers l'Everest, défrichage de senteurs aromatiques délurées, abondance des torrents
d'abstinence. Du peyotl au pavot, rien ne vaut l'oxygène pour halluciner grave et bio, la psychédélie exhale toujours des corridors furibonds qui choquent les mémères embaumées dans leurs siècles
défunts. A la machette se tissent les absences de liens dans l'entrave et le joug de la liberté, au lance-flammes s'écrivent les lettres de l'amour, au champignon nucléaire et magique infuse le
thé atomique.
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CHEMINS DU FEMININ
Il est des femmes
Parcourant les rues de villes solitaires
Vêtues de la soie des rêves
Qu'on nomme et qu'on cultive
Il est une femme
Au tempérament de napalm aquatique
Noire comme une nuit de cristal
Belle comme un jour de feu
Pour qui les mâles sont des chiens
Ou des montures de creux chemins
Qui fait l'amour à sa manière
Dans la douceur du matin
GILLES-MARIE CHENOT
BIBLIOGRAPHIE :
« Le chant du danseur » (Ed. du Cygne, 2006)
« Les semences pourpres de l’innocence » (Ed. Chloé Des Lys, 2007)
Parutions en revue :
Comme en poésie, Axolotl (Lausanne, CH), Libelles, Portulan Bleu, Florilège, Les hésitations d’une mouche, Verso, La Passe, Nouveaux Cahiers
de l’Adour, Poèmes Epars, Al Ahram (le Caire, Egypte).
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