LE CAPITAL DES MOTS n°7- Mai 2008- Jacqueline Persini- Panorias
------------------
Soleil rouge
nos larmes
Toute parsemée
de soleil
de cyprès
de ramilles
on voit
la terre
cracher
du sang
Un instant
on ferme
sa fenêtre
à la visiteuse
celle qui
l’air de rien
hisse sa nuit
sur chaque toit
On a la robe
des nuits blanches
la veste sombre
de la peur
on a le ciel
jaune ou violet
et dans les yeux
la bête folle
L’œil
à peine ouvert
se retire
du souffle
une feuille
coupée par
le vent
en plein cœur
La pluie seule
se lève
cogne sa tête
à la fenêtre
cogne son air
glacé maussade
seule la pluie
sauve une trace
A fleur d’encre
sépales
nos phrases
à creuser
sans que
la nuit
ne force
au comblement
De syllabes
on s’anime
même si
oscille
sous le sable
une jonquille
qui avale
du vent
Dans le noir
la parole
ne sait
ni ne sauve
comme si
aucune aile
n’était son miroir
Les mots
comme l’ongle
se blessent
touchent à peine
l’ombre
de la feuille
touchent à peine
le bec d’un moineau
Oiseaux
frêles
nos voyelles
soulèvent
des poussières
picorent
ciel et
enfer
Un cri
durcit le sol
aucun point
de suture
ne tient
la langue
saignée
se pend
Poids
de la peau
sur nos ailes
comme
une roche
courbe
nos pas
plie notre cou
Mais un tonneau
d’étoiles
à boire
à respirer
sans souci
de l’ivresse
d’une langue
assez blanche
A chaque pas
on éparpille
morceau de bras
flaque de soi
on se dit
la belle affaire
pas de quoi
hurler là-bas
Quelque part
un jour ou
l’autre
se lèvera
le barrage
de nos cils
et soleil rouge
nos larmes
jailliront
Dans les fissures
de la terre
qui vêtira
nos os
qui glanera
un morceau
de nous
voix minuscule
JACQUELINE PERSINI-PANORIAS
------------------
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article