Pour Misia
Valse slave
Salut reine
éternelle
ancolie
prise en haine
l’ire belle
ma folie
Je vous veux, sœur sacrée
D’impudence ironique
Versée là, en la science
D’insolence attitrée
Je vous veux, sœur attique,
Ma semblable en la danse
Extatique, à l’orient du désir
Masquez-vous, c’est notre tour
C’est la valse, hypocrite, à loisir,
Interdite, un transport, plaisir nu,
Nœud d’Idées, salve reine, à Dieu plaise.
***
Ça prendre
S'emporter vivant
Dans ces champs obscurs
Et rebelles en lectures
D'illusoires savants
Avec sa lampe aux raisons
Du dehors éclaire
Des trompe-l'œil en blasons
Plaqués au corps père
Ce sont ses verrues
Mais c'est du dedans de chair
Dans ses demeures toutes crues
Que geste l'enfant clair
Au malin sourire si pur.
***
ménageries du levant
dans la nuit
les clercs et la serpe
encore endormis
aux jardins, aux fontaines
la chèvre, les ours, le grand cerf
au bord
des roches
pour passer outre la rivière disparue
d’enfer en paradis
on prend le pont des morts
partout, dans la chambre des ombres
foules
foules au petit palais guettant
au gibet annexe
à la princerie
foules lasses d’armes et
guettant, de la tour muette
la naissance au ventre de la ville
de l’enfant à la tête d’or
ÉTIENNE GARCIN
Etienne Garcin est agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres. Il enseigne la littérature en classes préparatoires, à Metz.