Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS- GINÈVRA

Publié par ERIC DUBOIS sur 2 Septembre 2011, 10:21am

Catégories : #poèmes

SOUS-BOIS

(VESPERALE)

 

 

Marcher dans le sous-bois, au long de la rivière.

Regarder s’écouler l’eau, comme une prière

Qui a jailli du sol, au loin . Etre attentive

A tous ces petits bruits venant de l’autre rive.

Oublier le fracas et les fureurs du monde

Qui, plus loin, là, partout, semblent lâcher la bonde.

Remplacer le chaos par la sérénité.

En marchant, se laisser aller à méditer.

A une vieille pierre, s’arrêter et s’asseoir.

Ecouter des oiseaux la prière du soir.

Puis, quand l’ombre est venue, rentrer en sa maison

Et s’y retrouver bien, tout au long des saisons.

 

.

 

LA DAME DE L’AUTOMNE

 

 

L’été était parti vers d’autres paysages,

Les nuages tissaient leur camaïeu de gris

Dans le ciel encore gai, et les feuilles des arbres

Avaient viré à l’or et au roux, puis au brun,

Etendant leur splendeur sur l’herbe du sous-bois.

Les derniers papillons voletaient dans l’air doux,

On savait qu’ils étaient à la fin de leur vie.

 

Pensive, elle marchait dans les allées désertes

Et sa robe froissait le lit des feuilles mortes,

Dans un bruit qui semblait le murmure que font

Les lèvres qui vous glissent à l’oreille un secret.

Je songeais au tableau de quelque maître ancien,

Et aux tapisseries de l’école flamande.

 

Qui était cette femme ? Dérobée tout à coup

Au tournant de l’allée, par un chemin secret

Qui menait vers un lac, elle avait disparu

Comme une apparition qu’un vent léger emporte.

 

J’ai hanté ce sous-bois mais ne l’ai plus revue.

Sur l’eau du lac parfois flottent des feuilles mortes

Semblables à celles qu’en marchant son pied froissait

Et que sa longue robe emportait à l’ourlet.

 

Bien du temps a passé, le mystère demeure,

Et dans mon souvenir elle reste à jamais

Comme un rêve éveillé, un rendez-vous secret,

« La Dame de l’Automne ».

 

Octobre 2003

 

.

 

L’ERRANT

 

 

Le Vent était à ma fenêtre,

Il disait « je suis un pauvre être

Las de courir les horizons

Et je rêve d’une maison

Où reposer mon corps perclus

Mais ne l’espère déjà plus

Car je suis tout trempé de pluie

Et nul ne veut m’ouvrir son huis. »

Le chat miaulait au même instant,

Dehors, dans la pluie et le vent ;

Alors, j’ai entr’ouvert ma porte

Très peu, je voulais faire en sorte

Que le chat se puisse abriter,

Mais sans que je l’aie invité

Le vent s’est glissé sans un bruit

Avant que je referme l’huis.

Pour que j’oublie son intrusion

Il a fredonné des chansons,

Dit des histoires fantastiques,

Murmuré des contes antiques

Recueillis en pays lointains

Sur les routes et les chemins.

Puis il m’a dit : « Prends un crayon

Et lorsque nous discuterons

Politique ou philosophie,

Que nous parlerons de la vie,

Du passé ou de l’avenir,

Quand je dirai mes souvenirs

Tu pourras noter quelquefois ;

Ainsi je paie ce que je dois. »

 

Et le Vent m’a dit tant de choses

Parfois noires et parfois roses,

Que je l’ai gardé prés de moi

Et j’ai noté pendant des mois.

 

Un jour le soleil du printemps

A réchauffé bêtes et gens

Et le Vent a dit «  Je m’en vais

Ouvre la porte s’il te plaît. »

 

Pendant l’hiver j’avais écrit

Tout ce que le Vent avait dit.

Il était philosophe et sage

Et j’ai consigné dans ces pages

Des pensées et des réflexions,

Des proverbes et des dictons

Venus de loin ou d’à –côté.

 

Il faut une moralité

A cette bien étrange histoire,

Je vous demande de me croire

Cet Etranger pauvre, ce Vent,

M’a laissée plus riche qu’avant

De cette monnaie impalpable

Que ne connaît pas le comptable

Et dont nous avons tant besoin :

 

La connaissance du Prochain.

 

.

 

 

 

 

LE GRAND VOYAGE

 

Je cherche dans le vent, je cherche dans les flots

La trace de ses cendres ; et la terre elle-même

Dit qu’elle ne sait pas où l’on a déposé

Ce qu’il reste de lui.

 

Un nuage peut-être garde le souvenir

D’une fumée légère s’élevant lentement

Quand les flammes l’ont pris.

Une femme légère qui s’est unie à lui

Et qu’il a emmenée faire le tour du monde.

 

 

Octobre 2006

 

GINÈVRA

 

 

  © Ginèvra Fautras

 

Ginèvra est née en 1926 à Pistoia ( région de Florence , Italie). Participe au Club-poésie de Champigny sur Marne, au Café Poésie de Fontenay sous Bois et à l'Echelle à Coulisse ( Paris) . Ses poèmes figurent sur un cd fait par des professionnels (1 heure 15 minutes de poésie – Voix de l'auteur). Contact : 01 48 77 06 11.

 

 

 

 

http://lecafepoesie.free.fr/cariboost1/index.html

 

 

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