Lucide
Un quart d'heure
présent
sans poussière le temps
de battre paupière
tombera déjà
pourtant
Le corps qui traverse
la tête ne saura pas
que
pour toi se verse
là, le puits des trépas
Sentir ainsi son sang
fuir sans dire demain
l'étourdi aux heures
l'absent pas malin
retenir en ongle dur
refuser comme nature
la coulée
immobile
se fondre des nerfs
et lécher à jaillir
du ventre
de la terre
le sucre séminal
[éveillé à l'immense]
***
Quand?
On attend
debout contre
un ciel
On attend
des signes aux rouges
des éclairs au
loin
On attend
que pousse la mousse
On attend le
moment...
On attend.
On attend
que la force nous
pousse
que l'eau nous transisse
que se sculptent nos muscles
que la fièvre soit
loi
On attend.
On attend
des sons de l'au-delà
des gestes d'autrefois
des paroles de toi
que les gosses soient là
On
attend
l'idéal dans des yeux
le phénoménal l'heureux
des odeurs de
mère
de l'ordre des pas
la voix de son père
un ciel qui
flamboie
On attend
la sirène la cloche le bang
l'élastique du
starter
une route 66 une aile
un vœu de bonheur
un froid revolver
On attend
l'avis à la vie
le souffle d'un rêve
le
sillage d'un parfum
les mots du sage
le cri du berceau
le soleil à la
marge
le sentier à l'ombre:
un jour un matin
***
Flaque
Des flaques dans l'averse
cloutées de gouttes folles
un vent qui
s'inverse
le parapluie en banderole
tes chaussures à traire
fondue à l'eau d'argent
une bourrasque s'envole
le temps du gros temps
c'est un rayon qui sèche
devant la vitre étincelle
l'humide carrousel
valse fumeuse du vent
JACQUES CEAUX
Plus d'infos : http://www.le-capital-des-mots.fr/article-le-capital-des-mots-jacques-ceaux-108001369.html