Esquisse
Esquisse d’un sourire
entre nous
Mais tout se perd
dans le flot du temps
Et arrive l’heure
sourde où
des regards nous
parlent et disent
le « vieux »
*
Passer son temps
entre des branches
qui ondulent
qui balancent
avec des hanches
qui jouent
sans repos ni dimanche
de fille en fille
n’a qu’un temps
qu’on connaît
qu’on ne connaît pas mais qui tournoie
comme un autiste
Mais bientôt
arrive l’heure
sourde où
les regards nous
montrent et montrent
entre eux
le « vieux »
La mort va vite
la mort n’est rien
La mort n’est rien
mais elle peut tout
effacer toujours
le vide
toujours ce vide
façon de dire
le Vide
à rassembler
à remplir
ou à vider
La mort va vite
beaucoup trop vite
la vie aussi
la mort n’est rien
mais la vie courte
trop mal vécue
alors
remuez vous
les Petits.
Le souvenir
Tu es une véritable fille de chair
tu dansais sur la plage
belle, nue, à contre-nuit,
sans musique ni chant.
Tu parlais encore
pour un bain de minuit
un soir où tu voulais
quand nous n’étions pas seuls
Ta silhouette s’estompe
tes contours s’évanouissent
ton visage disparait
tu vieillis.
Tu es une géométrie dans l’oubli.
Il y a tant de silence
dans ta photo floue
que j’en perds le Nord.
Et je fixe ce papier glacé
que tu ne voulais pas
je guette un signe
dans l’Immobile.
Il reste une chanson oubliée
dans un cahier d’écolier
une chanson mal écrite
Sans musique
Il ne reste même pas les visages
mal dessinés dans mes papiers
Juste une image
souvenir flou
pastel bleu vert
qui s’en va
à petits pas
sans musique
(je t’imagine enfin
-vivante-
sans perdre de temps
heureuse à toute allure)
Un jour
des mains croisées
enfin
tresseront
des couronnes
pour des rois et des reines
qui ne règneront
sur personne
Les images de la Nuit
sont des étiquettes volantes
«post it » à peine posés
sur des corps sans sommeil
Visages disparus
à l’orée du jour
(odeur bien présente
de cheveux
que tu n’as pas respirés)
Elles ponctuent ton errance
marcheur attentif
non-dupe
de ce qui passe
Une larme dans la Nuit
qui perle à l’aube
perce
la lueur
du premier soleil
ne fait aimer
qu’un
cil
(Elle s’enfuit
Se perd
Dans le flot du Temps)
Toujours seul
dans sa nuit
Réveillé
par la pluie
des mots
du matin blême
NASHTIR TOGITICHI
Nashtir Togitichi , la cinquantaine, a lu les surréalistes, Michaux, et des auteurs plus anciens. N’a rien publié, même s’il y songe. Sur le plan professionnel : psychologue aujourd’hui dans différentes institutions, a cependant exercé beaucoup de métiers, même les plus inavouables.