Arrêté dans ta course, sidéré, figé dans une parenthèse de temps comme un acteur qui ne sait plus son texte, Robinson d’un instant échoué sur cet îlot à l’abri des remous de l’existence, tu restes suspendu à de terribles vérités.
Est-ce pour ne pas rompre avec les autres, avec le vin et l’ivresse que soudainement, tu reprends le cours mensonger de la pièce ?
TGV
Paris d’avant, Paris devant
Solutré noyée dans la brume,
Soligny de mon frère lointain,
traînes d’orage, ciels lavés…
Derrière la vitre sans tain
sans bruit les souvenirs
franchissent le mur du temps.
Immensément douce et bleue soudain,
la lumière embrasse le monde
et sur la poitrine innocente
de la jeune fille d’en face
rayonne la courbe d’un sein.
Dedans, mon cœur anachronique
frappe à des portes closes.
Dehors, sur les collines qui soupirent,
l’opale bleue de la lumière de juin
caresse les mêmes courbes.
Le Temps à Grande Vitesse file vers Paris.
J’écris pour voir, pour savoir, éprouver le trou noir
des mots qui ombrent et traversent la page blanche.
J’écris dans l’obscurité.
J’écris pour recoudre le temps déchiré,
remailler la laine perdue de l’enfance,
percer le secret du silence.
J’écris pour me consoler de la perte,
adossé à l’arbre de ton absence.
J’écris à mes moments gagnés sur mon temps perdu.
J’écris pour vivre, quelquefois pour survivre,
pour éteindre le feu qui me consume.
J’écris parce que les mots meurent plus lentement que les larmes.
JACQUES ROLLAND
J’ai 57 ans, j'exerce le métier d'éducateur de rue et suis le papa de 2 enfants.
Après un retour tardif à l’écriture et surtout à l’édition (un unique recueil de jeunesse publié aux éditions de l’Athanor - J.L. Maxence - en 1976), des poèmes ont été publiés sous mon nom ces dernières années dans des revues papier ou en ligne : Le Capital des Mots, Francopolis, Pleutil, Ecrits…vains ?, Comme en Poésie, La Page Blanche, Les Cahiers de Poésies…