Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - JEAN LUCQ

Publié par ERIC DUBOIS sur 17 Juillet 2012, 15:53pm

Catégories : #poèmes

 

 

 

UNE NUIT PLEINE DE LARMES

 

 

 

 

 

Soudain un nuage de feu dérive sans équipage. Puis le vent le disperse rapidement dans cette grande plaine jaunissante qu'est le ciel... Reste la nuit! 

Les oiseaux dorment soudainement n'importe où, parfois sur d'insolites perchoirs, à d'étranges fruits tout de lueur faits. Seuls les grands arbres rayonnent de leurs branches fournies. Fraîchement creusée dans le cimetière aux murs de lierre ceints de romarin, une fosse bâille aux corneilles près de tombes anciennes, oubliettes couchées et marbrées. Si leur agréable parfum protège les fleurs bleues d'un pot cassé, celles-ci font un temps oublier la nudité de ce lieu si triste, où, en lui, la beauté a trouvé un vase pour fleurir. 

Mon bateau rêvé, à la puissante figure de proue, à la coque couverte d'écume, n'a pas pour capitaine Robur, non ; mais sa grand'voile gonflée est toujours pleine d'or. Avec le dernier rat, son capitaine sera, lui aussi, le dernier à quitter le navire s'il le faut! Son équipage est composé de marins fantomatiques. Le gouvernail et l'ancre ont été détruits par tant de tempêtes, qu'on ne les compte plus ; puis ils ont été refaits et de nouveaux détruits. Reste en bon état la passerelle tourbillonnant dans le typhon fatidique, flottant à tout vent, aux strombes apeurés par mon arrivée subite. 

Cette nuit, je pars. Oui, je fuis la mélancolie qui n'arrête pas de m'envahir l'esprit... Il n'y aura pas de destination précise, de farouches canonniers en ont décidé autrement! Et nous dériverons toujours, l'émotion et moi, pour nous échouer avec l'assèchement du matin ; n'importe où, mais toujours en allant de l'avant quand le rêve devient réalité!

 

 

****

 

 

 

 

 

SAVAMMENT

 

 

 

 

 

Reposant sur les rayons du ciel qui frôlent l'air chaud, la clarté du printemps naissant ‏– et je veux être le premier à fouler par l'esprit son immense savoir ‏– disparaît lorsque la nuit s'accroche à la mort. Celle du temps... Ce fantôme des Origines. Alors, liés entre eux, une fois pour toute l'amour profond et les coeurs de ceux qui s'aiment triomphent sur la voie publique, ou dans les alcôves aux draps parfumés à la lavande. 

Il y a encore un mois de cela, c'était au pied d'un harmonieux belvédère tout éclairé que, à la nuit tombante, je voyais les amants se dorloter longuement... 

Mais aujourd'hui, effilochure d'âme, oh! Mort! tu te déposes irrésistiblement contre la poitrine de la pauvre mourante qui, chaque soir, te craint lorsqu'elle s'endort maladivement. Oh! Les arbres centenaires du parc de la clinique imprégnés de ton odeur! Et mille morts sont ici mille montagnes! 

Et puis les enfants du frère en pleurs devant le cercueil silencieux ; l'amant foudroyé, et sa déchirante misère morale! 

Et puis encore, le lendemain soir, les mains guidées par son dernier départ qui conduit savamment la jeune morte là-bas, au paradis christique!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JEAN LUCQ

 

 

Je m'appelle Jean Lucq. J'habite près de Lyon, j'ai la quarantaine et suis rentier. Je suis poète depuis quelques années déjà. C'est seulement depuis peu que j'ai décidé de m'auto-éditer pour laisser quelque chose de mes écrits passés et futurs. Avant cela mes poèmes étaient visibles sur mon blog ou sur divers sites de poésie.

 

 

 

 

 

 

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