Versants
(À ceux de Ladrecht)
Au pied de l’escalier que montent les jardins, l’émoi d’une soirée
Plus loin sur l’Auzonnet qui trace la vallée, la rumeur du désert
Les arbres imbéciles étarquent le sillon de crêtes indécises
Un hiver en été qui s’échappe des sources
La strate des collines persillées de charbon.
Aux aubes de la nuit
Je les revois encore les sombres espagnols enragés de vengeances, s’enquiller vers les puits ces farauds de castille
Ils creusent au rocher, soldatesques farines, ensuqués de silice
Et ces maures souriants descendants des Aurès, ils rêvent du djebel aux calcaires équarris
Allongés dans les tailles cognant sur l’anthracite
Et nous fils des hauts déboulant de l’école, foudroyant les déblais de la marque des autres
Partageons des misères de tous ces immigrants.
Déportés des surfaces
Où sont-ils donc partis, dans cette fin de journée ?
Les casernes sont vides au flanc des vieux chantiers.
Et ce cœur taraudé que de t’avoir perdue, aux détours de passés qui meublent mon attente
Où es-tu donc alors ?
Dans de proches villages jetés comme des cailloux, rêvant la tête basse
A tes jambes fuselées et tes hanches si fortes s’arque-boutant au roc à rouler les stériles
Un joug d’éternités
Un solde d’inventaire, histoires inclinées
Les villas desséchées aux tuiles dérangées et leurs persiennes mortes
Qu’auraient-ils donc à dire !
Tous ces vieux saccagés dans ce magasin d’ombres
Un chevalement rouillé qui supplie qu’on l’achève
Et pourtant
Au fait des solitudes errantes dans les pins, la lampe du matin écaille les versants
L’air s’emplit de résines écrasant les boulets qui rongent mes soufflets
Un silence d’empire émonde les vallées
LOIC LE MEUR
Loïc Le meur est né en Bretagne en 1958 et vit à Auray dans le Morbihan, Il à
commencé à écrire de la poésie en 2007, pour se poser enfin après des années de
voyages réels par son activité professionnelle, et virtuels par le goût de lire
en particulier des récits de voyages et d’histoire contemporaine
Ne se considérant pas comme poète mais comme un « entomologiste des sentiments »
il n’à jamais chercher à être édité si ce n’est que quelques parutions sur des
cahiers de poésie (le capital des mots, rails) il participe cependant à des
forums sur de sites de poésie (vos écrits, outre rêve), il offre en outre aux
lecteurs ses textes sur un blog (loic le meur, overblog)
Nostalgie, désuétude, révolte, amour tous ces sentiments sont abordés dans une
expression presque picturale ; ainsi il déclare « peindre avec les mots »