Le geste
Comme mesure, condamnée au silence,
Pluriel linéaire arrachant le sens,
La lettre devient geste,
Revendiquant les petites choses dans ses heures figurées.
Le mouvement à l'intrigue tenue,
Donne à voir autant qu'à lire
La platitude du support papier.
Gestuel
Courts arrêts aux rythmes variés,
Alphabet éclaté de vide et de silence, refuse la chaîne qui nous lie.
La beauté du geste s'effacera de nos mémoires,
Ne laissant que la trace d'un autre, écrite.
Sauf à y croire encore, d'un nouveau geste de la main.
Dans son éternité.
***
AU DELÀ
On est encore là, un peu flou
On émarge la marge de notes de pluie
Du bruit et de rumeur,
Le temps râle parfois
Propageant ses ombres blanches
Les mots abusent de leur pouvoir, je crois.
On se fixe un objectif: aimer
Faire crever les frontières
Faire de son état, un espace sans signe
Une place signifiante de rien
L'implicite pensée en serait un crime
Ne plus s'opposer, ne plus distinguer
Ne plus tisser
Sortir de la pensée-limite
L'homme est beau à révéler
S'il faut qu'il oublie sa mémoire tatouée
Il n'est plus question de représentation
D'objet
De sensation
De jugement, de raison, de débat
Au delà de la première lecture
Il n'y a rien à comprendre
Soyons tous aveugles et sourds
Aimons.
***
La légèreté du palier
Dans le brouhaha des envies
Entendre le souffle..L'autre souffle..
Battement
Battement de l'aile, du sang
Palier douceur.
Une fenêtre s'ouvre à l'intérieur
la spirale lente du mental
Relâche les exoplanètes du plaisir
Les doigts sur la portée
Écrivent l'histoire
Et la voix se lamente de douleur.
Le début est facile,
Les mots sont là.
On croise la corde tendue,
Le sol tremble en rythme
et martèle les vies
Des minutes en suspend,
Des heures à revivre
Tout respire ailleurs
Du rhum à Lennon
Du Berry de Louisiane
la magie noire nous blanchit
Les âmes.
Alors j'ai dit à Lorenzo
« -la pluie ne m'atteint pas »
Il n'a pas répondu, le feu est humide,
Lorenzo ne sent que sa chaleur.
Nous verrons bien
Fabriquer des excuses
Sera demain
Une autre raison de vivre.
Nous reprendrons les aiguilles du temps
Et nous saurons d'avance
Où sont les gens.
Tout sera simple et prévisible.
Et personne n'aimera personne.
Pour le moment
Laissons les mots
Dans le regard des autres
Comme un partage de plafond
Où la lumière diffuse
L'encens, la cheminée et l'émotion
Les cercles ne doivent jamais se refermer
Jean-Jacques aussi doit le penser
Il alterne encore dans ses contraires
la soif du vin et des révolutions
la terre tourne pour l'honnête homme
Et le cercle enfin se définit
Au Festival de l'Utopie..
PAULE BRAJKOVIC
Paule Brajkovic connecte, coupe, croise, arrache, accumule, démonte, envisage, forme, fissure, fragmente, interroge, prélève, publie, savoure, dessert les freins, (prend plaisir), barre les mots inutiles dans le sud de la France.