rue des princes
je marche à grands pas transportés
rue des princes
le bleu du grand ciel
en compagnon
l'avoir, l'être,
les gens, les choses
aujourd'hui
tout m'est en appartenance
tout m'est en délivrance
mes talons sonnent clair
sur les labours de béton
ma tête en relevance
s'offre en prière
à l'astre blanc d'hiver
je marche à grands pas transportés
rue des princes
il sera des souffrances
en souvenance et en devenir
aujourd'hui
tout m'est en appartenance
tout m'est en délivrance
***
les grandes
en ce jour où la grande déchirure
défait ma vie je m'exile de mes aimés
et rentre dans mes terres de solitude
en ce jour où les masques tombent
où même ma chair se dénude mes âmes
croisent le fer avec leurs fantômes
cris et hurlements muets duels sanglants
d'où n'émergent ni vainqueurs ni vaincus
en ce jour où la grande faucheuse de rêves
me décapite le coeur des choses me laissant
nu tel un vers au couchant de la rime
me cherchant tel qu'on m'a fait au levant
sans fard ni rôle ni scène
en ce jour où les grandes ombres drapent
mes champs fertiles de leurs angoisses
retenant le grain d'éclore le mêlant à l'ivraie
errances stériles labyrinthes miroirs
me renvoyant le reflet d'un inconnu
***
les amours humaines
dans les grands champs les blés
dorment dans le silence du jour
doucement bercés par les vents
qui apportent les nouvelles du monde
bientôt les blés s'affaissent
sous le poids des corps fous
qui s'étendent et s'agitent
ivres du bonheur de vivre et d'aimer
sur les peaux d'or
ruisselle la sueur du midi
répandant dans l'air du temps
les effluves des amours humaines
les sillons de terre brûlante
s'offrent au ciel sans nuages
et boivent la sève
du désir des hommes
la terre s'entr'ouvre
encore un peu plus
aux soupirs des hommes
se mêlent les cris des femmes
chants et gémissements
ivresses et extases
sur la portée du monde
PIERRE DESCHENES
Pierre Deschênes se présente :
Je suis de Montréal, amant du cirque de la vie qui jongle avec les mots pour le plaisir.