Pieds nus
A peine réveillé d’un rêve sans réponse
Seul devant un sanglant café-crème
Je vous imagine divaguant le long du grand boulevard
Longuement revêtue d’une redingote de cuir
Près de la fenêtre ma douleur s’est assise
La radio diffusait Maggie M’Gill
Votre absence est ma prison de cœur
Demain le soleil rira de nouveau
Sur mes lamentables caries de détresse
à l'envers du ciel, face contre terre,
ma tête posée sur le traversin du jour.
Sujet immobile de vos désirs.
sans un regard en arrière
en adieu à l'année
pour vous je deviendrai votre Bouddha de neige
Qui de toi met bon ordre
Qui en moi se replie
Mais plus personne pour sourire
Personne pour dire bonsoir simplement.
Un peu comme une bouteille jetée à la mer
Un soleil qui gicle de partout
vos ruses et votre anneau de tristesse
Les griffes de la faim qui me taraudent la peau
quand l'heure entre chien et loup nous mord à la gorge
et que je m'abandonne entre vos paumes de miel
à peine posées sur mes plaies
Une seule de ses déchirures me ressuscite
Elle est le verbe qui explose en gerbes miraculeuses
Désormais
je ne sais plus que nommer les choses
que par votre Nom
pleins de trous vides de mémoire
et cette peur du noir
comme tout le monde
qu'on finit par s'y faire
sans dire un mot...