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Nous avons l’habitude des mouettes et de la Tramontane
Nous, enfants hâlés aux grands yeux d’été
Le jaune paille est dans la garrigue partout
Où l’on marche avec des bottes en caoutchouc
Prenant garde aux vipères, pensant au Petit Prince,
A leurs morsures délicieuses dernier paysage de mer
L’immensité partout et le ciel et les vagues
Dans le sel et le sable embruns écume galets
L’eau a envahi la Maison-Bateau qui s’efface et disparaît.
Paris, ma belle, où je vis en exil, écoute-moi écoute
Ma complainte marine, c’est mon Espagne sale
Qui coule dans mes veines. Et je pleure sur mes origines.
Paris, ma si belle, il ne me reste que la mémoire floue
De Collioure.
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8
Tu t’appelles Emanon
C’est l’anagramme de no name
Tu as toutes les mémoires
Œil bleu qui s’ouvre sous l’eau
Perles de paupières
Toutes celles qui t’ont précédée
Et qui n’ont pas eu de noms
Depuis le premier organisme aquatique
Dans tes errances orgasmiques
Tu te vois en miroir d’écume
Sous la lumière tout est flou
Tu cherches en vain la preuve
Que quelque chose est vivant.
Extraits de " A fleur de peau, suivi de Interview "
Éditions Vincent Rougier, revue Ficelle n° 142, juillet 2020.
http://www.rougier-atelier.com/
CATHERINE ANDRIEU
Elle se présente :
Catherine ANDRIEU est née en 1978.
Après une vie passée dans le sud en bord de mer, elle s’installe à Paris où elle développe des activités d’écriture et de peinture. Elle n’oubliera jamais la mer, souvenir d’une enfance heureuse parce que revisitée par sa poésie. Les éléments y ont une vraie présence. La formation philosophique de Catherine Andrieu (Essai sur Spinoza publié aux éditions de L’Harmattan en 2009), ainsi que son inclination panthéistique, la conduisent à s’intéresser aux symboles et sagesses du monde, aux « correspondances » baudelairiennes. D’un univers fantasmagorique développé dans trois recueils au Petit Pavé ( Poèmes de la Mémoire oraculaire (2010), Nouvelles Lunes (2014), puis Seuls les oiseaux sont libres (2016) ), sa poésie glisse vers des récits de l’inconscient, où la rationalité n’a plus de place, publiés aux éditions Rafael de Surtis (Ce monde m’étonne (2017), J’avais bien dit Van Gogh (2017), Très au-delà de l’irréel (2018), Hawking ; Etoile sans origine (2018), Des nouvelles du Minotaure ? (2019) ), Parce que j'ai peint mes vitres en noir. Petite anthologie poétique suivie d'un entretien avec l'auteur ( 2020 ).
" A fleur de peau, suivi de Interview " Catherine Andrieu. Éditions Vincent Rougier, revue Ficelle n° 142, juillet 2020. Préface d'Étienne Ruhaud. - DR
" A fleur de peau, suivi de Interview " Catherine Andrieu. Éditions Vincent Rougier, revue Ficelle n° 142, juillet 2020. Préface d'Étienne Ruhaud. - DR