Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - MAGGY DE COSTER

Publié par ERIC DUBOIS sur 29 Juillet 2014, 05:41am

Catégories : #nouvelles

Square Cluny

 

Allongée sur un banc, comme épuisée par une nuit d’insomnie, une vieille femme grassouillette, les yeux ensommeillés, vêtue d’un petit gilet vert, ajusté sur une chemise blanche et tombant sur un pantalon kaki, se laisse effleurer le visage fatigué par son fils, tout aussi bien enrobé qu’elle, et engoncé dans ses vêtements trop étroits, dévoilant sa bedaine. Il lui glisse un petit mot à l’oreille, ricane, se mouche puis s’allonge, tête bêche, à côté d’elle ; à ses pieds, se trouve posé au sol un Caddie. Un petit sac rose fuchia est accroché à la clôture, derrière le banc. Tandis qu’un homme noir, chaussé de lunettes, lisait un journal, le pied gauche surélevé à la hauteur de deux poubelles débordantes. Devant lui, en demi-lune, pigeons et moineaux picorent, non loin une fille mange une pêche, un verre de jus de fruits posé à côté d’elle ; à un mètre, sur un banc, un jeune homme mange avec appétit un sandwich, une dame consulte son téléphone mobile, un vieux monsieur, vêtu d’une veste noire et d’un pantalon kaki, la bouche mi-close, a l’air rêveur et imperturbable derrière ses lunettes fumées.

La fille reprend le verre de jus de fruits, le déguste pendant qu’elle pianote de la main droite sur les touches de son portable.

Et le temps passe sans le moindre souci de ceux qu’il bouscule.

 

Lundi 21septembre 2009

 

 

***

 

Le destin de Mélissa

 

Mélissa laissa la Corse où elle vivait depuis la fin de son enfance avec sa mère pour suivre un ancien voyou originaire comme des Iles Turques, reconverti légionnaire.

Son problème, c’est qu’elle n’a jamais su avoir une relation amoureuse durable. Dans son tableau de chasse, il ne lui manquait plus qu’un blanc, dit-elle, juste pour essayer, car elle prétendait ne pas pouvoir vivre avec une entité blanche. Sur l’Ile de Beauté, elle menait une vie décente. Après avoir terminé ses études de Commerce, elle travaillait comme cadre dans une société fiduciaire. Sa mère a su lui tracer le chemin de la réussite par les études, malgré l’absence de son père.

Ayant retrouvé les traces de ce dernier qu’elle cherchait désespérément à l’âge adulte, elle lui pardonnait au point de l’idolâtrer. A ce moment, elle se retourna contre sa mère pour lui adresser des lettres d’injures, elle lui pourrissait la vie, menant une campagne de dénigrement contre elle. Elle lui en voulait d’avoir été sévère avec elle et de lui avoir dit, sous le coup de la colère, qu’elle ne l’avait pas désirée, quand elle lui faisait des méchancetés.

« Je t’ai rayée de ma vie car je ne t’aime pas » écrivait-elle à sa mère. Pourquoi ? Parce qu’elle s’est mise en tête que cette dernière ne l’avait jamais aimée, une idée qu’elle alimentait au fil des jours.

Les années passaient, sa haine contre sa mère allait grandissante. Malgré la main tendue de cette dernière, elle se refusait à lui pardonner, au contraire elle faisait tout pour l’isoler de sa propre famille et s’acharnait à la persécuter : complot, calomnie, trahison, accusations graves. Elle souhaitait la voir sombrer dans la déchéance. Ainsi justice lui serait rendue.

Après avoir rompu systématiquement avec sa mère qu’elle accablait de tous les maux, elle la conspuait partout avec la complicité d’une dénommée Grosse Berta. Connue comme une véritable langue de vipère, elle ne peut s’empêcher de calomnier la terre entière. Rares sont les gens qu’elle épargne de ses médisances.

Instable en amour comme en amitié, elle n’éprouve jamais du mal à se séparer des ses amies ni de ses hommes. Quand elle rencontra le sieur Raphaël, elle vivait avec Jérôme, l’antillais qui l’aimait tant. Une fois qu’elle était arrivée à ses fins matérielles, elle le mit à la porte en attendant de partir s’installer dans le Nouveau Monde. Là, la vie lui parut bien meilleure qu’en France, avec sa nouvelle conquête, une bonne poire qu’elle finira sans aucun doute par abandonner après en avoir extrait le jus.

Cependant, elle ne se rendait pas compte qu’elle était en train de creuser sa propre fosse en suivant un inconnu qui n’était guère prêt à construire sa vie avec elle puisque, à son insu, il avait demandé à une de ses amies, si elle n’avait pas une fille dans son entourage professionnelle à lui présenter.

Si Mélissa projetait de lui faire un enfant dans le dos pour tirer son épingle du jeu, quant à lui, il ne demanda qu’à expérimenter d’autres filles, n’étant pas prêt à assumer une famille.

Autoritaire, cupide, vénale, tels sont les maîtres mots qui résument le caractère de Mélissa. Alors qu’en bon macho, Raphaël ne refuserait jamais de profiter d’une pimbêche qui avait tout laissé tomber pour aller s’installer chez lui, lui qui passait la majeure partie de son temps à l’étranger en tant que légionnaire. Mélissa acceptera-t-elle d’être la bonne petite femme au foyer filant sa toile à l’instar de Pénélope. O que nenni ! Elle qui jura de ne jamais se plier aux injonctions d’un homme !

 

David reprit du service à l’étranger, trois mois après l’arrivée de Mélissa. Les nouvelles se faisaient rares et Mélissa ne tombait en enceinte comme elle le souhaitait. Les jours passèrent et la désillusion s’installa. Elle eut du mal à s’intégrer dans son nouvel univers. Elle se demandait si elle avait fait le bon choix. Tout tournait mal autour d’elle. Ses nuits commencèrent à ressembler à ses jours. Et elle n’avait que ses yeux pour pleurer. Son entourage commença à jaser et elle se rebiffa. Elle ne savait plus à quel saint se vouer.

 

Raphaël était finalement de retour. Vint le moment des mises au point. Chacun se rendit compte qu’il s’était trompé. Hélas ! Mélissa dut repartir de zéro. Couverte d’opprobre, elle gardait au fond d’elle-même sa déconvenue et dirait probablement aux autres ce que bon lui semblerait car « A beau mentir qui vient de loin ! ».

 

 

***

 

La curiosité intellectuelle existe-t-elle chez certaines catégories sociales ?

 

Samedi 9 juin 2012, Libraire Express Loisirs.

 

Ils vont et viennent les clients, moi je suis là assise à ma table sur laquelle sont disposés mes 5 titres ainsi que la dernière livraison du Manoir des Poètes.

Rares ceux dont le regard se pose sur le dernier livre en bout de table. Cela me rappelle cette petite phrase prononcée un jour S, ancienne animatrice de la Bibliothèque du Centre Culturel : « Dans la ville…il n’y a que des bœufs ». On ne change pas les habitudes des gens. Ils viennent à la libraire pour chercher leurs magazines ou pour acheter les livres scolaires.

Ils arrivent, pour certains et se dirigent tout droit vers les journaux et ignore tout du reste de la librairie. Pourtant il y a un auteur de la ville en signature dans leur ligne de mire, pas un seul mot, ni un seul regard en sa direction.

Ils vont vers le présentoir se servent, passent en caisse et s’en vont. Certains lancent un bonjour à la cantonade avant de se diriger vers son centre d’intérêt.

Le libraire invite une grosse dame à découvrir mes livres :

C’est un auteur de la ville qui est là en signature, vous pouvez jeter un coup d’œil et cela ne vous engage à rien. Plutôt absorbée par ce qui l’a amenée à la librairie et avance :

Non, je suis en train de lire deux gros bouquins…

J’ai réussi à accrocher une dame qui s’est bien laissé prendre à mon piège. Elle m’a écoutée avec attention, politesse oblige, puis m’a remercié et a pris congé de moi.

Les quelques regard jetés sur les livres sont toujours furtifs et me paraissent sans intérêt, si l’on omet quelques regards sympathiques agrémentés d’un sourire qui réchauffe le cœur, comme c’est le cas d’un jeune collégien accompagné par sa mère. Une dame à lunettes arrive, à pas rapides, jette un regard furtif sur les livres, puis laisse sortir un « bonjour ».

A quoi m’attendais-je ?

Pas seulement à vendre mes livres mais à un échange sur mon œuvre, sur l’écriture, à un quelconque intérêt d’un public curieux et chaleureux venu découvrir un auteur de sa ville.

A faire connaissance. Cette indifférence me sidère, me désole et je plains ces gens-là que je trouve nettement différents de ceux de mon milieu parisien. Je garde tout de même le souvenir de3 jeunes scolaires, deux de CM2 et une de CE1 qui ont feuilleté le recueil de poèmes pour enfants.

 

Une dame passe, me dit bonjour, je lui réponds en profitant pour lui dire :

Vous voulez jeter un coup d’œil ?

Elle hoche la tête négativement.

Il est 4h10 et ça fait déjà deux heures que je suis là. Je passe le temps en lisant Jeanne de Jacqueline de Romilly de l’Académie française. Je projette de partir dans une heure. De mon passage à cette librairie je me consolerai de m’être fait plaisir en saisissant l’occasion pour porter mes bijoux neufs que je n’avais pas eu le temps de porter au Panama.

Une dame me semble être attirée par mes titres, coup de théâtre, quand je lui en suggère un, elle lance :

–Je reviens de la pharmacie. Je reviens une autre fois. Vous êtes toujours là ?

– Non je ne suis là qu’aujourd’hui.

Elle revient vers moi, regarde gentiment les livres de près, les touche et me lance, d’un air perplexe :

– Ca a l’air d’être bien, avant je lisais beaucoup mais maintenant je n’ai plus le temps. Bonne chance !

– Merci et prenez bien soin de vous, lui dis-je.

En partant, elle oublie son magazine sur le comptoir. Et le libraire de le lui rappeler.

Vous voyez comment je ne suis pas bien, ajoute-elle.

Une jeune fille fait la queue, jette un regard distant sur mes livres.

Voulez-vous y jeter un coup d’œil ?

– Non merci, c’est bon.

Une dame arrive, promène son regarde sur la table où reposent mes livres. Je l’invite à les découvrir en lui expliquant leur contenu.

–Non, c’est pas mon genre.

Ensuite elle passe en caisse, règle et s’en va en me disant « au revoir ».

Peu après survient un grand monsieur au visage avant, d’un certain âge, l’air curieux.

Je l’invite également à la découverte de mes livres. Il a l’air intéressé, il se saisit de mon anthologie, regarde la signature et me dit :

–C’est vous ?

Oui, lui répondis-je.

Il a l’air cultivé, il feuillette les livres avec intérêt puis découvre dans ma biographie de Germaine Loisy-Lafaille des titres de pièces de théâtre connues comme c’est le cas de : Le Goûter des généraux de Boris Vian.

–Ah ! je vais vous prendre ce livre !

Très touchée, je l’en remercie. Je le lui garde pour une dédicace, le temps qu’il aille chercher autre chose dans la librairie.

Par la suite, je saurai qu’il habite à Deuil-la Barre et qu’il était est un ancien cadre supérieur de banque.

Passe un autre monsieur d’un certain âge, au visage sympathique qui s’avance doucement en rasant ma table.

Son visage m’a l’air « familier ». La conversation s’engage entre nous et en avançant dans la conversation, je me suis rendu compte qu’il était le mari d’une ancienne Maire-adjointe chargée de la culture, sculptrice et avec qui j’avais un bon contact.

J’ai voulu lui lire un poème de l’anthologie mais il n’en n’avait pas l’air trop enchanté.

En fin de compte, il s’est résolu à m’acheter Le Manoir des Poètes et les deux messieurs se sont finalement retrouvés autour de ma table à parler de Boris Vian et de L’écume des jours qui, dit l’un, sera porté à l’écran. Le libraire s’est également mis de la partie.

Peu après le départ de ces deux messieurs qui m’ont sauvé l’honneur, j’ai plié bagage.

 

***

 

Scène inhabituelle à l’Allée des Myrtilles

 

 

 

Août est là, le ciel revêt sa teinte de grisaille, annonciatrice de pluie. Dans l’air règne une lourdeur qu’une petite brise intermittente essaye de tempérer. Certains profitent encore de la douceur estivale des régions non encore désertées par le soleil. Un léger parfum de mélancolie flotte dans l’atmosphère comme un mauvais présage.

Je déambule dans l’allée des Myrtilles, déserte depuis le début des vacances et j’y croise Sonia et Fiona, sortant de la voiture, l’air désemparé, comme s’il se passait quelque chose d’inhabituel. Je m’approche d’elles et leur demande ce qui s’est passé.

– Ils ont dérobé la voiture d’Yves et ont mis la maison sens dessus dessous, avance, Fiona, inquiète.

Cette dernière suit Sonia qui constate, ahurie, le nombre et la valeur des objets dérobés. Elle ouvre les tiroirs, s’agite, crie…

 

– Non il ne faut rien toucher, laisse tout en l’état, martèle Fiona.

 

Elle se tourne vers moi en m’intimant l’ordre d’appeler la Police.

– Quel est le numéro ?

– Le 17.

 

Survient une femme blonde grillant une cigarette, venant aux nouvelles.

– Sonia, j’ai vu un gars encagoulé filer en trombe avec la voiture. Au début j’ai cru que c’était ton fils. Mon mari a reconnu la voiture d’Yves et en a bien noté le numéro d’immatriculation.

– Quel est ce numéro ? Je veux bien le donner à la Police, avancé-je.

– C’est mon mari qui l’a noté mais il n’est pas là pour l’instant.

Un peu crispée, j’appelle la Police sur mon portable, sous le choc, je perds mes moyens. En fin de compte, j’ai réussi à faire passer le message, la policière au bout du fil, me calme en me disant que ce n’est que du matériel et qu’il n’y a pas eu d’agression de personne.

 

En attendant l’arrivée de la Police, survient Jérôme, le fils de Sonia et d’Yves, accompagné de sa bande de copains. Atterré par ce qu’il vient d’apprendre, il ne demande qu’à retrouver les voleurs afin de se faire justice. Et moi de l’attraper en le calmant, ce n’est que peine perdu. Il est parti, courroucé.

Arrivent enfin les policiers. Sonia congédie un correspondant au téléphone pour se tourner vers ces derniers. Ils lui demandent le numéro d’immatriculation de la voiture volée, mais elle est trop perturbée pour s’en souvenir. Il lui faut en retrouver les papiers. Pour les objets volés, les policiers lui demandent de s’en remettre à son assureur avec photos à l’appui.

Et moi de poursuivre mon chemin, laissant Sonia sous les bons auspices de la Police et des voisin

 

 

 

MAGGY DE COSTER

 

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