I.
Miroir aux alouettes
L’espoir et sa face claire
Cheveux au vent
Miroir sans tain
Où tu scrutes
Qui t’observe
Ô miroir dépoli
Usé comme le temps
Du temps de vivre
Miroir d’aujourd’hui
Curée
Des vies terminales
***
En ce temps là le soir était lourd d’un silence
Sans âge dans les espaces béants bouchés
Où des pantins agitaient leurs membres malades
Sur les fleurs sanglantes des foules résignées
Endormies par le fiel du siècle qui s’infiltre
Dans les mémoires dans les terres abandonnées
Torpeur étranglant la conscience qui palpite
Veillant l’agonie des vieilles forces passées.
II
Possédés oui
Possédés nous étions
Précipités
Dans les fosses
communes
Des Nantis
On aurait dû
Voilà
On aurait
Pour éviter
Le poison tranquille
Des lotissements
Quelques uns partent à la recherche de leurs morts
Et dégringolent des collines en tombant Ô comme
La forêt blanche crisse sous les pas des mar-
Cheurs funambules qui tentent d’éviter les
Flaques noires visibles la nuit Dans ce pay-
Sage où seul le bruit de ces silhouettes efflan-
Quées rompt la morne atonie poussiéreuse on
Pense toujours encore aux bruits des sirènes et
Des bouches qui hurlaient dans les rues aveugles
III.
Tu me dis il fait
Un temps étrange
Ici et partout
Tu me dis j’irai
Au fond de ta boue
Chercher
Ta souffrance
Ce qui me laisse
Froide
Tu me dis jusqu’à
Quand faire tant
De procès aux Morts
Autant
Ouvrir
Les cercueils
Autant
Sculpter
La poussière
« si tout se casse la gueule » in Les contraintes du temps
Quand la fille en jupe légère
sortie du métro
croise
l’homme blotti
au coin exposé
dont le poids
n’arrache au mieux
qu’un regard en pièces tombantes
lui n’a d’œil
que pour le chien soufflant
compagnon de peines et de misère
« Traces » in Les contraintes du temps
Nashtir Togitichi
Avril 2015
NASHTIR TOGITICHI