Amor fati
Qu’un cœur ose battre
Toujours s’en devance
Quelque abîme malheureux
Pour rumeur de néant
L’éternité d’une mouche
Au fond d’une coupe de champagne
Et devoir s’y résoudre
Crâne d’inutile sagesse.
***
D’oreille inattentive
L’impression d’un mystère
Sourire au visage d’inconnu
Surgi malgré l’habitude du ciel
Son printemps, par la fenêtre
Dehors entendant l’oiseau
Au loin qui appelle
Et l’oisiveté d’une seconde
A cette fête soudain s’accordant
Belle ombre d’ailes que bat
L’imaginaire enfoui des forêts
On croirait le monde revenu
A l’origine d’un premier chant.
***
A cette vieille dame, un jour en Dordogne rencontrée
Quatre-vingt-quinze années d’existence maintenant rétrécies à ce seul corps recru de femme trop âgée dirait-on
Lasse en sa chair malingre, animal absous de tout instinct
Par le temps désormais devenu vieillesse, effacés ses muscles
Et coulent lentes de bleues veines sous une peau presque diaphane
Cherchant le sang d’un cœur lointain, ses derniers battements avant la nuit véritable
Où s’en va disparaissant la mémoire de ce qui fut
Dans l’ombre gigantesque, combien de sanglots laissés à l’abandon
Mais elle, assise pourtant si près de la mort, dans ses yeux cligne encore de la lumière
Pour qui en devine les secrètes lueurs, voir soudain jaillir au centre de la sobre maisonnée, cernée par la campagne immense
Comme une heureuse tendresse persistant parmi le murmure de sa voix
A l’entour d’une vie bientôt délivrée de ses hasards
Des visages renaissant, et des forêts, et des amours
L’univers s’en souvient, dure auprès de l’invisible feu qui, pourvu de mots, embrase l’air
Et croirait-on qu’il parle à travers cette bouche, de l’autre côté de lèvres qu’inéluctables scelleront sous peu trois Parques tisseuses
Que paraît s’en dévêtir une âme, allant nue sans plus besoin d’attaches
En ce monde qui passe comme au rêveur échappe le cours des rivières, la quiétude des cieux s’y reflétant
Du fond d’un regard qui brille malgré le noir qui s’annonce
Quelque part où mourir n’est jamais la fin tant que brûle, pour ceux qui suivent, l’enfantine beauté d’une si précieuse flamme.
OLIVIER ROBERT
Il se présente :
Né en 1983 à Madagascar, sa mort demeure inconnue.