En plein milieu du drame nous passons
par la réjouissance d’un feu
qui nous retrouve.
Tels qu’il nous avait dépossédés, vidés
de son énigme aride.
La désagrégation nous guette comme
nous en reprenons l’emploi,
le chiffre arachnéen.
Les silences ont cessé de se taire ;
le souffle tergiverse au seuil
de l’impensé.
***
L’incertitude est un glaçon planté
en travers du regard.
Plus bas,
la terre dépeint ses veines
aux volées d’étourneaux.
Seul besoin de l’entendre,
ou d’en palper la prolifération.
Au bout des doigts une mélodie
toute arrangée de braises, brûlant
l’écart par les deux bouts ;
déjà, un battement d’ailes acclame
la synergie du sang.
***
Tout le jour est ouvert à la racine.
Les sources vives affleurent au centre
du vertige ; une eau d'ivresse emporte l'espace
à son affranchissement ; la verticalité
de l'air fend l'amertume des fruits.
Pourquoi faut-il que dès l'abord les mots
s'entortillent sur son lierre et sa lumière
et cherchent à y faire le silence ?
Écrire pour se débarrasser des mots.
***
Le poème qui te foudroie ne recèle rien
qu’une once inachevée de sang
et de poussière.
Une charge irréductible que l’imprévisible
de l’entente, d’achoppements
en absorptions,
entonne.
Et ta parole, de n'en dénuder la substance
qu'à raison de l'incursion risquée
d'une fièvre qui s'y instruit.
Extraits de " Écarts " ( Inédit )
HARRY SZPILMANN
Il se présente :
Harry Szpilmann (Belgique, 1980) est l’auteur de "Sable d’aphasie" (prix Emile Polak 2012), "Ces espaces à la base", "Les rudérales", "Liminaire l'ombre", "Du vide réticulaire", et "Petite suite désertique" (à paraître prochainement). Ses textes ont en outre été publiés dans une vingtaine de revues. Lauréat de la bourse de poésie SPES 2015, photographe amateur et traducteur à ses heures, il vit actuellement à Mexico City, où il se consacre à l’écriture.