Femme mutique
Elle est cette femme muette, étoile évanescente en mal de ciel
Minuscule tache d’ombre à peine perceptible
Dans la galaxie masculine
Où elle enfile des perles de silence
Ses mots se perdent dans le tréfonds de son être
Et mille maux l’assaillent au quotidien
Ils foisonnent tant dans sa vie qu’elle en a à revendre
Elle abreuve sa peine à pleine tasse
Besogne à n’en plus finir
Impossible de s’enfuir
Du foyer-linceul
Plus de repère
Inconnue à elle-même elle s’envase
Et son cœur vase de pleurs
Qui ne se transvase pas
À ras bord rempli
Déborde
Viendra-t-il le jour où elle s’affranchira du mâle-être
Pour s’ébaudir sur des plages de liberté ?
***
Songe d’une nuit d’été tachée du sang de tant de victimes
À ramasser à la pelle comme des feuilles d’automne
Macabre festin que celui de ceux qui célèbrent le temps
de la haine
En engendrant la mort à la lueur de l’obscur de leur pensée
Incarnation de la terreur
À cor et à cri
Cri en crescendo
Crescendo de douleur
Douleur des victimes
Du matador triomphant
dans la ville
Épanchement de sang
Blessure de l’âme
Épouvantable songe
D’une nuit sans fin
Que même la mélodie d’un oiseau nocturne
Ne saurait égayer
***
L’être ou le néant
Au revers de l’être
L’être anéanti
Timoré
Révulsé
Se lisent des notes
Graves
Qui font déchanter
Les chantres
Au royaume de Chanteclerc
Au clair de terre
Terre sacrifiée
Pesticidée
Raclée et malmenée
Sans trêve
***
Furibonderie
Courses folles de la violence
De la minorité furibonde
Dans le vent vertigineux
Épousant les flammes
De l’incarnation jupitérienne
Émiettement des cœurs excédés
Par le rituel quotidien
Des non-élus sur l’avant-scène
De la République en pagaille
Embrasement de la vitalité
Dans les cités en mal de lumière
Dans l’envolée des heures creuses
Rupture d’anévrisme social
En réponse à la démesure
Du verbe
Extraits de Déclinaison du verbe, éditions Unicité , 2018
MAGGY DE COSTER
Plus d'infos : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maggy_de_Coster