Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - REMOUX

Publié par Le Capital des Mots sur 20 Novembre 2018, 19:25pm

Catégories : #poèmes

Quatre sonnets

 
 
Sahara
 
Après le vent du sud, la garrigue est couverte
D'un voile odorifère à l'armure satin ;
Dépôt pulvérulent tombé tôt le matin,
Ton doigt curieux goûte un peu d'argile offerte.
 
Tu frôles de grands buis, épaule découverte :
Le limon te parfume – immortelles et thym.
Jaune saharien, éclat diamantin,
La poussière se glisse en ton âme entrouverte.
 
Un éclair te surprend sous le myrte poudré ;
L'orage alors vous lave, enflant un ru doré
Qui court entre les pieds de ciste et de bruyère.
 
Des effluves mouillés sourd un chagrin exquis :
Des romarins s'élève une ombre singulière,
Le souvenir de lui courant dans le maquis.
 
***
 
Champ-océan
 
Sur le champ-océan, en vagues régulières,
S'épuisent les sillons d'un noir labour d'hiver.
Les chaumes retournés sont des laisses de mer,
Les cailloux déterrés, coquilles singulières.
 
L'onde sombre qui roule envahit les tourbières 
Et s'affronte au ressac en un fracas amer.
Puis l'écume jaillit de l'humus entrouvert
Quand s'envolent au loin d'immenses corbeautières.
 
Mon rêve maritime est soudain envahi :
La bête imaginaire, un grand cachalot gris,
Dans le champ s'est échouée en longs jets d'eau salée.
 
Je sens qu'il est empli de ma propre rancœur...
Alors, l'océan bu – argile crève-cœur ! –,
Se dépose le sel d'une nuit tourmentée.
 
***
 
 
L'écorce de bouleau
 
Dans le bois de bouleaux, j'ai quitté le sentier,
Grisé de feuilles d'or, errant dans la bruyère.
Le soleil froid et bas éclaire une tourbière 
Par l'eau noire et acide envahie pour moitié.
 
Prudemment je détache un bout d'écorce entier,
Boucle blanche où je vois, à travers, la lumière.
Aplati, le rouleau est page singulière :
Le chaman y lira l'augure forestier !
 
Sur la tourbe posée – errements alchimiques –
Elle se teint du brun des acides humiques,
Absorbant lentement le précieux pigment.
 
J'attends, impatient, la réponse vivante :
Se dessine une forme éphémère et mouvante...
J'y lis ma solitude et le souffle du vent.
 
 
***
 
La source
 
Dans l'ourlet du sous-bois, d'un horizon sableux
La résurgence sourd fluette et cristalline ;
Elle imbibe un rocher puis jaillit, sibylline,
Et va nourrir têtue un lit miraculeux.
 
Une mousse émeraude au feuillage anguleux
Peuple le premier bord, se penche et dégouline ;
L'eau commence à chanter sur la roche hyaline
Qui attire et abreuve un papillon gris-bleu.
 
En ces rus siliceux on apaise son âme :
Dans la source allongé le corps nu de la femme
En s'entrouvrant devient un barrage inédit.
 
Sur son sein miroitant la lumière ocellée,
Par le ruisseau lavé son pur esprit bondit
De galet en galet jusque dans la vallée.

 

 

REMOUX 

 

Il se présente :

 

 

Pierre Gondran dit Remoux, né le 29 août 1970 à Limoges, Parisien d'adoption, formé en biologie, je me sens poète sur le tard : pourquoi pas ?

 

 

Muséum d'Histoire Naturelle de New York. © Remoux- DR

Muséum d'Histoire Naturelle de New York. © Remoux- DR

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