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On écrit du haut vers le bas
du dehors vers le dedans
de l’orbite vers le centre.
Souvent entre le poème et moi, c’est à qui aura le dernier mot.
Et qui l’emportera dans cette lutte pour l’écriture : moi ou l’Autre ?
Ça dit ce qui n’est pas dit,
ce qui ne peut se dire.
Ça agit sur la main
qui se fraie un passage
Ça s’impose soudain,
se replie aussitôt.
Ça bute contre des digues
qui finissent par céder
aux assauts répétés
qui précèdent la main
et la poussent plus ou moins
comme le ressac
vers un bord incertain.
Tu avances dans le poème avec la crainte de le perdre. Tu n’as pas encore saisi l’objet de sa visite qu’il t’entraîne déjà sur des versants imprévus où tu t’égarerais à trop le suivre à distance.
L’épreuve consiste, dans une sorte de crispation heureuse dont il se nourrit, à ne pouvoir l’approcher qu’au plus près, sans jamais l’atteindre.
Il y a un silence derrière
chaque chose,
un silence qui ne demande
qu’à être délivré.
Les mots sont des tentatives
de délivrance
et tu écris pour éprouver
cette délivrance.
Je dis « tu », non pour me dissocier
mais pour m’assembler, m’enjoindre
à te rencontrer.
Être au monde, élément
parmi les éléments, soluble
en quête d’une solution…
S’il le faut ne laisse à ton poème aucun répit, ne lui autorise
aucune complaisance. Mais après le point final, oublie-le.
Il décidera lui-même de sa bonne ou mauvaise fortune.
Jacques Rolland
je suis né à Paris en 1952 et suis le papa de deux enfants. J'exerce le métier d'éducateur de rue dans l'agglomération lyonnaise. Après un retour tardif à l'écriture, je n'ai publié ces dernières années que des textes épars dans quelques revues imprimées ou en ligne : La Page Blanche, Les Cahiers de Poésie, Francopolis, Ecrits...vains ?, Pleutil...)
J'écris pour me mettre d'accord, pour que mes mots se souviennent de moi, pour devenir complice, j'écris à mes moments gagnés sur mon temps perdu, j'écris parce que quelque chose " me " dit.
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