Pas assez de signes sur terre
Et encore moins d’éclairs
Dans l’ocre du ciel
Pour t’indiquer le chemin
Que tes pas doivent suivre
A travers ces forêts d’images
Et de mots inconnus
Plus obscur se fait le silence
Des chemins à mesure
Que tu t’avances d’un pas oblique
Vers les rivages du soir
Comme si plus rien ne pouvait
Eclairer ce lent charroi
D’ombres errantes
Ces frêles murets de voix lointaines
Et toutes ces fenêtres ouvertes
A l’improviste par le vent
*
Lampe de veille que la nuit
Allume sur chaque pierre
Et qui jaillit du miroir de l’ombre
Comme une main de lumière
Ou une bouche qui s’ouvre
Sur les ténèbres des mots
Et l’énigme des langues
Voix qui sort des murs
Et obscurcit de son souffle
La vitre blanche du temps
Lampes des songes
Qui aveuglent déjà ton œil
A petits bruits de lumière
Comme un crissement
D’ongles et de dents
Sur le front obscur
Du sommeil
*
Villes d’arbres et de pierres
Qui se dressent en silence
Vers le noir des cimes
Et l’encre des nuages
Face tournoyante
Et sonore du ciel
Que lacèrent rafales
Et soliloques du vent
Images d’un monde flottant
Entre brumes et feux
Qui tombent dru comme une grêle
D’éclairs à l’aplomb de ce bloc d’azur
Où le premier jour du monde
Va naître d’une étincelle
Hors de ce lieu de ténèbres
Qui sera l’ultime enclos de la mort
L’infini s’ouvre
Et se referme comme un œil
Dans la matière compacte et vivante
Des désirs et des rêves
Neige qui se détache par fragments
De couleurs abstraites et charnelles
Pour combattre l’impalpable et cruelle
Blancheur de la lumière
FRANÇOIS TEYSSANDIER
François TEYSSANDIER. Comédien, puis enseignant. A publié trois pièces à L’Avant-scène théâtre, et deux recueils de poésie (dont Livres du songe aux éd. Belfond, prix Louise Labé). A publié des nouvelles dans les revues Nota Bene, Roman, Brèves, Moebius, Muze, ADA Mag, ainsi que des poèmes dans une vingtaine de revues en France et en Belgique.