Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - FRANCOISE BIGER

Publié par LE CAPITAL DES MOTS ( revue de poésie) sur 29 Août 2010, 17:34pm

Catégories : #poèmes

 

CORPS DE METIERS……..Toute ressemblance ou similitude avec des personnes existant ou ayant existé est délibérée.

 

La coiffeuse debout à 35 heures a le sens du salon et de l’initiative à cause de son ancienneté dans la profession et le salon et les responsabilités elle balaye les cheveux au sol. La coiffeuse rassemble en tas les morceaux de cheveux au sol au bout du balai elle savoure ces moments là où elle s’évade un peu du salon de la galerie sur son balai la coiffeuse change les idées à ses jambes. Les fait marcher en arrière cela délasse les jambes lourdes à cause de la circulation avec toute cette ancienneté la coiffeuse. Soulage ses raideurs jusqu’au fond du salon va retirer du passage le chariot léger à couleur numérotée idoine au passage vérifier sur la tignasse de rascasse calfatée le virage de la couleur l’œil. De la coiffeuse est connaisseur il sait alerter la coiffeuse de rincer la cliente pour éviter la métamorphose du cheveu en foin la coiffeuse a des pensées saugrenues parfois elle imagine. Les clientes arborant des bottes de foin sur la tête dans la galerie marchande du centre commercial il est temps de rincer. Le foin au bac à mâchoires le rinçage est long pour la couleur à force de travailler. Les mains sous l’eau la peau de la coiffeuse sur ses mains s’use et s’irrite elle enfile des gants de toute façon pour éviter la couleur numérotée idoine sur les mains le peigne à grosses dents. Des bacs sert à tirer les cheveux empâtés des clientes teintées vers l’arrière ce qui facilite le rinçage la coiffeuse rince. Jusqu’à ce que l’eau dégoulinant du scalp sorte claire la coiffeuse penche en avant ça lui pique les reins elle dit les reins. Mais applique avec les gants des mains un soin nourrissant du cheveu sur le cheveu paille de la cliente sexagénaire la coiffeuse en est à sa 127,12èmeheure mensuelle.

 

 

 

 

 

 

**

 

 

 

 

 

Les journées de la caissière angélique à la caisse de son hypermarché ne sont que commencement et fin sans milieu ses journées. Travaillées de 6 heures d’affilée sont un débit sans ponctuation hormis la parenthèse de pause enfin l’heure du quart d’heure la caissière dit quart d’heure. Pour arrondir mais il s’agit en réalité de 18 minutes proportionnelles au nombre d’heures travaillées tout est proportionnel. Dans le monde de la caisse fleuve : le temps au temps le salaire au temps la reconnaissance au salaire ce dernier à la reconnaissance l’intérêt au salaire la tâche à l’intérêt et inversement sur le mode impératif. La caissière l’a noté à cause de la conjugaison la pause est ordonnée. L’ordre émanation du nid du trio des sorcières en chef s’affiche inopinément sans fautes d’orthographe la caissière l’a aussi remarqué sur l’écran désormais délicieusement tactile de sa caisse elle finit le client. Eteint sa lanterne verrouille sa caisse se redresse délie ses membres s’extrait de son enclos et décide de passer outre le rempart des caisses alignées pour rejoindre sans ambages le dehors et fuir. Le néon des couloirs gris néon la caissière prend de l’air sur le parking sans fumer elle ne fume pas uniquement. De l’air et du soleil avec un peu de vent la caissière écoute et fait des pas loin de sa bouche les bras ballants ou croisés sans regarder sa montre avec le temps. La caissière a appris à appréhender le quart d’heure elle le ressent s’écouler elle sait. Le cerveau de la caissière est capable d’une grande précision objective lorsqu’il doit estimer la durée d’un phénomène comme celui-ci où ses yeux pourraient-ils se poser. Pour fixer une couleur apaisante et combler le sillon de sa migraine des feuillages régulièrement espacés flottent au dessus des voitures en ligne. La caissière s’y suspend pour les 16 minutes restantes de sa pause.

 

 

 

 

 

 

**

 

 

 

 

M. on peut tout aussi bien l’appeler comme on voudra par un nom commençant par M ou toute autre lettre puisque son nom est inscrit de chaque côté de son fourgon trafic Renault B. Artisan à son compte n’a pas d’ouvrier ni de secrétaire il travaille tout seul à son compte et peint il est peintre artisan peintre à son compte sans ouvrier il peint. Dehors dedans des murs essentiellement tapisse aussi. Il recouvre D ouvrier patron du BTP est capable de tout avec ses mains et sa tête : adroit imaginatif M pourrait aussi faire plombier plaquiste carreleur électricien menuisier chauffagiste tout. Pour la maison L homme rude rudement fort L dans son trafic à son nom rempli à son compte de couleurs et de quoi les appliquer sur toutes surfaces commence de bonne heure ses journées sans compter son temps sur ses chantiers. J artisan peintre à son compte multiplie les chantiers ne sait pas dire non fait attendre par conséquent les clients qui attendent le début des travaux dans leurs maisons R. Artisan peintre à son compte démarre son trafic à 7 heures roule vite sur les routes du matin du soir le chantier du jour. Toute la décoration murale intérieure de la maison rénovée d’un client copain client fortuné marchand de biens ex footballeur. S artisan peintre à son compte connaît un monde fou avec la peinture de son métier 7 heures. La maison est toujours vide non terminée les couleurs patientent dans les pots dans le trafic avec tout le nécessaire pour les appliquer. J.C artisan peintre fort comme une fleur soulève les décalitres les kilos d’enduits de couleurs pour les enduits des murs apprêtés pour la peinture. D à son compte va recommencer sa journée.

 

 

 

 

FRANCOISE BIGER

 

 

 

Françoise Biger Pouplier, 27 août 1960, donc quinquagénaire. Vit à Mordelles, près de Rennes. Investie dans le mouvement associatif culturel. Ecrit des textes poétiques sans poésie, car ne comment s’y prendre avec la poésie. Eprouve une fascination démesurée pour Fernando Pessoa.

Des textes publiés dans les revues Libelle, Comme en Poésie, N4728, Incertain regard, Traction Brabant.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents