Dans un couvent franciscain déserté, au cœur des montagnes,
dans l’ancien comté de Nice
La montagne porte le village en collier
Trois rangs serrés de pierres grises et colorées
Sur un fil de cristal
Parfois le fil éclate
Aux colères de la roche
Et se renoue
Fidèle à la roche
***
Empruntant le sentier du Père Mathias
On grimpe jusqu’au couvent déserté
En bas les villageois entendent encore
Chanter les robes brunes dans les roucailles et les ruelles
***
L’église et le cloître sont gais comme des enfants
Partout des mains
Des mains offertes des mains ouvertes
Sculptées en chêne et en noyer
Peintes sur les fresques délavées
Qui reçoivent les stigmates de François
Et notre peau au creux des mains fourmille
Devant ces stigmates que l’on voit
Et ceux qu’on ne voit pas
Qui ne se savent pas
Dans l’anonymat des villes
***
Adossée à la montagne
L’église consacrée
Les angelots musiciens
Le Père franciscain
Jaillissent du retable
En bois de noyer
Tant d’anges sont penchés
Sur cet écrin brun foncé
Tant de frères ont prié
Derrière l’autel cachés
Le cimetière n’est jamais loin
Mais la vie est donnée
***
La montagne entre au couvent
Visiteuse fidèle
Et se couche à nos pieds
Comme une louve esseulée
FRANCOISE SIRI
Françoise SIRI vient de publier le recueil « Au cœur de la Roya » aux éditions Henry. Elle publie régulièrement des poèmes dans les revues Coup de Soleil, Verso
et Voix d’encre et des critiques pour Phoenix et la revue en ligne Texture.