L'écorce épaisse du chêne
Imprime sur mon dos
L'élan qui tantôt
Joindra mon âme à la sienne.
Dans cette invisible danse,
Parmi les clins d'œil solaires,
J'entends les nuages et lance
Des battements de bonheur.
L'AMOUR
Au matin, avant le jour
Les draps frémissent : un sursaut.
L'heure verte a sonné.
Les draps expirent.
Un bras impavide se déplie
La main danse dans l'attente
De l'éclisse où reposait tout à l'heure
Un songe calme et fugace.
Au creux du pli du drap
Le sommeil habituel d'une nuit.
***
BRETAGNE
Terre de naissance et d'attaches,
Bretagne, sorcière enchantante,
Les sorts que tu décoches
Sont inextricables.
Tes côtes déchirées d'où
Nous invitent aux outrances
Et sur le départ toujours
Les pieds balancent.
De tes horizons promis
On entrevoit les cris,
Les pleurs maternels, le fracas,
Les os brisés du remous toujours là.
On devine l'or quand même
Malgré les convulsions.
Constante est l'inclination,
Désespérée au mieux.
Mais y croire ?
Alors on guette
De longues heures.
Alors on scrute
Le lointain
Comme attendant,
Espérant un navire.
De ses côtes, seule est la mer,
Nulle terre en face.
L'attrayant inconnu,
L'effrayante monstruosité des esprits
Qui vaguent et qui écument
Hante les falaises abruptes,
Se traîne sur les grèves vertes de vase,
Divague sur les ports embrouillés
D’amarres et de filets vides.
Grimpez sur ses monts
Seule elle est visible,
Erodés et l'œil rond
Est prisonnier
De cette platitude infrangible
De vapeurs de fumiers acides,
De prés sans surprise
Monotones et limités,
De forêts
Où les arbres n'ouvrent sur rien d'autre
Que
Des prés
Et des villes orthopédiques,
Coquillesques et sans glotte.
FRÉDÉRIC PATY