Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - JESÚS CÁRDENAS

Publié par Le Capital des Mots sur 22 Juillet 2017, 12:06pm

Catégories : #poèmes

 

PRESENTIMIENTO


 

Hoy presiento que vienes con la lluvia,

como envuelta en las nubes,

en cada ráfaga de aire. En el sardinel,

el paso de los años, deteriorando su estructura.


 

Todo el decorado parece quieto:

el húmedo azul, la verticalidad de los pinos,

el radiador en el punto más alto,

las paredes en blanco diluido,

un café distendido, el calor entre mi pecho,

las canciones que acompañan a estos versos…,

como acompaña a la lluvia

el tintineo en el plástico.


 

Y claro,

me pregunto

si habrás venido para quedarte.


 


 

PRESSENTIMENT


 

Aujourd’hui je pressens que tu viens avec la pluie,

comme enveloppée de nuages,

dans chaque rafale d’air. Sur le galandage,

le passage des années, détériorant sa structure.


 

Tout le décor semble immobile :

le bleu humide, la verticalité des pins,

le radiateur au point le plus haut,

les murs en blanc dilué,

un café distendu, la chaleur dans ma poitrine,

les chansons qui accompagnent ces vers…,

comme accompagne la pluie

le tintement sur le plastique.


 

Et bien sûr,

               je me demande

si tu es venue pour rester.


 


***

 

 

ENSIMISMADO


 

Mucho peor si cayera la tarde

releyendo poesía de Neruda

y me enredara de camino a casa

entre el cimbreo de los pinares.

Mucho peor si esquivara

tus labios de rojo puro

a las faldas de la montaña.


 

Nada hay peor que mi inseguridad

ante el único botón de tu camisa.


 

 

SONGEUR


 


 

Bien pire si le soir tombait

en relisant la poésie de Neruda

et que je m’enroulais sur le chemin de la maison

dans le balancement des pinèdes.

Bien pire si j’esquivais

tes lèvres rouge pur

au flanc de la montagne.


 

Rien de pire que mon insécurité

devant le seul bouton de ta chemise.


 

***

 


 

PRIMER ROUND


 

Tu suerte terminó ayer por la tarde.

Se acabaron los prósperos fulgores.

No se repetirá la anterior racha.


 

Añádele la pérdida del manual de la dicha

y del amor. Piensa que esto es terminal.


 

Te han golpeado duro.


 

La espesura del silencio

                                       te lanza un gancho.


 

PREMIER ROUND


 


 

Ta chance s’est terminée hier soir.

Finis les éclats prospères.

Ta série précédente ne se répétera pas.


 

Ajoutes-y la perte du manuel du bonheur

Et de l’amour. Pense que ceci est terminal.


 

On t’a frappé dur.


 

L’épaisseur du silence

                                      te lance un uppercut.


 

***


 

XXXVI


 

Volver a ser consuelo de nubes,

de sonidos, de luz nunca encendida,

de mareas vivas, a la sombra del ángel.

Volver a ser de agua y viento

como un vuelo a ras de la orilla.

Mudar en feroz emoción primera

al límite del vértigo. Atreverme a sus alturas.

Volver entonces al relámpago y a la llama.


 

Volver cual vino a las viñas,

como vuelve septiembre a las acacias

a tiempo de abrigar esta lluvia de sol

como si me la hubiera reservado.


 

Desembocar en tu amplitud

con la misma cadencia prodigiosa

de quien regresa a los principios.


 

Volver al tatuaje de nuestros nombres.

Oírtelo decir sería como un milagro.


 


 

XXXVI


 


 

Redevenir la consolation des nuages,

des sons, de la lumière jamais éteinte,

des marées vivantes, à l’ombre de l’ange.

Redevenir d’eau et de vent

comme un vol au ras de la rive.

Muer en une féroce émotion première 

à la limite du vertige. Oser ses hauteurs.

Retourner alors vers l’éclair et la flamme.


 

Retourner tel le vin aux vignes,

comme retourne septembre aux acacias

à temps pour abriter cette pluie de soleil

comme si je l’avais réservée.


 

Déboucher sur ton amplitude

avec la même cadence prodigieuse

de celui qui retourne aux débuts.


 

Retourner au tatouage de nos prénoms.


 

Te l’entendre dire serait comme un miracle.


 


***


 

FIN DE ETAPA

Un hombre medio ronda por aquí.

En este conjunto encierra

historias que sudan y sangran,

algunas tristemente viejas;

otras, pendientes de nueva decepción:

historias que retoman fracasos transitados

como aves que no alzan el vuelo porque son ceniza.

En ningún caso nada se reserva.

La causa excede su salvación,

a la que no consigue asirse,

sin una madrugada benévola.

A sus espaldas, el genio mofándose.

Todavía no se ha convencido

de que en la vida

se crean analogías.

Ya desde por la mañana se entiende

lejos de todos, cerca del abismo,

muy cerca del temblor, de los sollozos.

Insiste en aferrarse a cada libro,

a lo único que le queda. Fin de etapa.


 

Se acabó. Resígnate. Entorna esta página.


 

Ya ves lo que hacer: ponme a resguardo.

 


 

FIN D’ETAPE


 

Un homme moyen rôde par ici.

Dans cet ensemble il enferme

des histoires qui suent et qui saignent,

certaines tristement vieilles ;

d’autres, en attente d’une nouvelle déception :

des histoires qui reprennent des échecs parcourus

comme des oiseaux qui ne s’envolent pas car ils sont cendre.

En aucun cas on ne réserve rien.

La cause dépasse son salut,

qu’il ne parvient pas à saisir,

sans une aube bienveillante.

Derrière son dos, le génie s’en moque.

Il n’est pas encore convaincu

que dans la vie

on crée des analogies.

Dès le matin même il se voit

loin de tous, près de l’abîme,

très près du tremblement, des sanglots.

Il insiste pour s’accrocher à chaque livre,

à la seule chose qui lui reste. Fin d’étape.


 

C’est fini. Résigne-toi. Tourne cette page.


 

Tu vois ce qu’il faut faire : mets-moi à l’abri.


 


***


 

PERCEPCIÓN


 

Me veo desde fuera. Establezco

simetrías subjetivas en la orilla

a partir del canto fiel

con que el mar alimente su dispersión.


 

A través de esta claridad, existimos.


 

PERCEPTION


 

Je me vois du dehors. J’établis

des symétries subjectives sur la rive

à partir du chant fidèle

par lequel la mer nourrit leur dispersion.


 

A travers cette clarté, nous existons.


 

***
 

SED (O BESTIA INDOMABLE)

He hallado el valor

caduco en el jardín de tus deseos.

Sólo persiste la certeza

de que vamos a olvidar.

Nada escapará a su trazo albur.


 

SOIF (OU BETE INDOMPTABLE)


 

J’ai trouvé le courage

caduc dans le jardin de tes désirs.

Il ne persiste que la certitude

que nous allons tout oublier.

Rien n’échappera à son trait équivoque.


 

Sur notre toile le rouge aliéné

sur la blanche pensée.


 

Traduits de l’espagnol par Miguel Ángel Real

Sélection réalisée par l’auteur.

 

 

JESÚS CÁRDENAS


 

Jesús Cárdenas (Alcalá de Guadaíra, Espagne, 1973) est diplômé en Philologie Hispanique par l’Université de Séville. Master Universitaire « Formation et Recherche Littéraire et Théâtrale dans le Contexte Européen ». Il travaille en tant que professeur de Langue et littérature espagnoles. Il anime des ateliers de création poétique dans des bibliothèques, des universités et dans d’autres institutions. Il participe dans plusieurs revues reconnues, (papier ou en ligne). Certains de ses poèmes ont été traduits en roumain, bable, italien et anglais.

Il est l’auteur des recueils suivants: Algunos arraigos me vienen. Diputación de Sevilla (Séville, 2006), La luz de entre los cipreses. Prologue d’Enrique Baltanás. Ediciones en Huida (Séville, 2012), Laberintos sin cielo. Accessit du V Concours de Jeune Poésie “Florencio Quintero” 2012. Guadalturia (Séville, 2012), Mudanzas de lo azul, Ediciones Vitruvio (Madrid, 2013), Raíces de ser. Premier prix du VI Concours de Jeune Poésie “Florencio Quintero” 2013. Guadalturia (Séville, 2013), Después de la música. Prologue d’Enrique Gracia Trinidad. Cuadernos del Laberinto (Madrid, 2014), Sucesión de lunas. Prologue de Manuel Rico. Anantes (Séville, 2015), Los refugios que olvidamos, Anantes (Séville, 2016) et Raíz olvido (illustré par Jorge Mejías). Prologue d’Ana Gorría. Maclein et Parker (Séville, 2017).


 

 

 


 

Jesús Cárdenas - DR

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