PRESENTIMIENTO
Hoy presiento que vienes con la lluvia,
como envuelta en las nubes,
en cada ráfaga de aire. En el sardinel,
el paso de los años, deteriorando su estructura.
Todo el decorado parece quieto:
el húmedo azul, la verticalidad de los pinos,
el radiador en el punto más alto,
las paredes en blanco diluido,
un café distendido, el calor entre mi pecho,
las canciones que acompañan a estos versos…,
como acompaña a la lluvia
el tintineo en el plástico.
Y claro,
me pregunto
si habrás venido para quedarte.
PRESSENTIMENT
Aujourd’hui je pressens que tu viens avec la pluie,
comme enveloppée de nuages,
dans chaque rafale d’air. Sur le galandage,
le passage des années, détériorant sa structure.
Tout le décor semble immobile :
le bleu humide, la verticalité des pins,
le radiateur au point le plus haut,
les murs en blanc dilué,
un café distendu, la chaleur dans ma poitrine,
les chansons qui accompagnent ces vers…,
comme accompagne la pluie
le tintement sur le plastique.
Et bien sûr,
je me demande
si tu es venue pour rester.
***
ENSIMISMADO
Mucho peor si cayera la tarde
releyendo poesía de Neruda
y me enredara de camino a casa
entre el cimbreo de los pinares.
Mucho peor si esquivara
tus labios de rojo puro
a las faldas de la montaña.
Nada hay peor que mi inseguridad
ante el único botón de tu camisa.
SONGEUR
Bien pire si le soir tombait
en relisant la poésie de Neruda
et que je m’enroulais sur le chemin de la maison
dans le balancement des pinèdes.
Bien pire si j’esquivais
tes lèvres rouge pur
au flanc de la montagne.
Rien de pire que mon insécurité
devant le seul bouton de ta chemise.
***
PRIMER ROUND
Tu suerte terminó ayer por la tarde.
Se acabaron los prósperos fulgores.
No se repetirá la anterior racha.
Añádele la pérdida del manual de la dicha
y del amor. Piensa que esto es terminal.
Te han golpeado duro.
La espesura del silencio
te lanza un gancho.
PREMIER ROUND
Ta chance s’est terminée hier soir.
Finis les éclats prospères.
Ta série précédente ne se répétera pas.
Ajoutes-y la perte du manuel du bonheur
Et de l’amour. Pense que ceci est terminal.
On t’a frappé dur.
L’épaisseur du silence
te lance un uppercut.
***
XXXVI
Volver a ser consuelo de nubes,
de sonidos, de luz nunca encendida,
de mareas vivas, a la sombra del ángel.
Volver a ser de agua y viento
como un vuelo a ras de la orilla.
Mudar en feroz emoción primera
al límite del vértigo. Atreverme a sus alturas.
Volver entonces al relámpago y a la llama.
Volver cual vino a las viñas,
como vuelve septiembre a las acacias
a tiempo de abrigar esta lluvia de sol
como si me la hubiera reservado.
Desembocar en tu amplitud
con la misma cadencia prodigiosa
de quien regresa a los principios.
Volver al tatuaje de nuestros nombres.
Oírtelo decir sería como un milagro.
XXXVI
Redevenir la consolation des nuages,
des sons, de la lumière jamais éteinte,
des marées vivantes, à l’ombre de l’ange.
Redevenir d’eau et de vent
comme un vol au ras de la rive.
Muer en une féroce émotion première
à la limite du vertige. Oser ses hauteurs.
Retourner alors vers l’éclair et la flamme.
Retourner tel le vin aux vignes,
comme retourne septembre aux acacias
à temps pour abriter cette pluie de soleil
comme si je l’avais réservée.
Déboucher sur ton amplitude
avec la même cadence prodigieuse
de celui qui retourne aux débuts.
Retourner au tatouage de nos prénoms.
Te l’entendre dire serait comme un miracle.
***
FIN DE ETAPA
Un hombre medio ronda por aquí.
En este conjunto encierra
historias que sudan y sangran,
algunas tristemente viejas;
otras, pendientes de nueva decepción:
historias que retoman fracasos transitados
como aves que no alzan el vuelo porque son ceniza.
En ningún caso nada se reserva.
La causa excede su salvación,
a la que no consigue asirse,
sin una madrugada benévola.
A sus espaldas, el genio mofándose.
Todavía no se ha convencido
de que en la vida
se crean analogías.
Ya desde por la mañana se entiende
lejos de todos, cerca del abismo,
muy cerca del temblor, de los sollozos.
Insiste en aferrarse a cada libro,
a lo único que le queda. Fin de etapa.
Se acabó. Resígnate. Entorna esta página.
Ya ves lo que hacer: ponme a resguardo.
FIN D’ETAPE
Un homme moyen rôde par ici.
Dans cet ensemble il enferme
des histoires qui suent et qui saignent,
certaines tristement vieilles ;
d’autres, en attente d’une nouvelle déception :
des histoires qui reprennent des échecs parcourus
comme des oiseaux qui ne s’envolent pas car ils sont cendre.
En aucun cas on ne réserve rien.
La cause dépasse son salut,
qu’il ne parvient pas à saisir,
sans une aube bienveillante.
Derrière son dos, le génie s’en moque.
Il n’est pas encore convaincu
que dans la vie
on crée des analogies.
Dès le matin même il se voit
loin de tous, près de l’abîme,
très près du tremblement, des sanglots.
Il insiste pour s’accrocher à chaque livre,
à la seule chose qui lui reste. Fin d’étape.
C’est fini. Résigne-toi. Tourne cette page.
Tu vois ce qu’il faut faire : mets-moi à l’abri.
***
PERCEPCIÓN
Me veo desde fuera. Establezco
simetrías subjetivas en la orilla
a partir del canto fiel
con que el mar alimente su dispersión.
A través de esta claridad, existimos.
PERCEPTION
Je me vois du dehors. J’établis
des symétries subjectives sur la rive
à partir du chant fidèle
par lequel la mer nourrit leur dispersion.
A travers cette clarté, nous existons.
***
SED (O BESTIA INDOMABLE)
He hallado el valor
caduco en el jardín de tus deseos.
Sólo persiste la certeza
de que vamos a olvidar.
Nada escapará a su trazo albur.
SOIF (OU BETE INDOMPTABLE)
J’ai trouvé le courage
caduc dans le jardin de tes désirs.
Il ne persiste que la certitude
que nous allons tout oublier.
Rien n’échappera à son trait équivoque.
Sur notre toile le rouge aliéné
sur la blanche pensée.
Traduits de l’espagnol par Miguel Ángel Real
Sélection réalisée par l’auteur.
JESÚS CÁRDENAS
Jesús Cárdenas (Alcalá de Guadaíra, Espagne, 1973) est diplômé en Philologie Hispanique par l’Université de Séville. Master Universitaire « Formation et Recherche Littéraire et Théâtrale dans le Contexte Européen ». Il travaille en tant que professeur de Langue et littérature espagnoles. Il anime des ateliers de création poétique dans des bibliothèques, des universités et dans d’autres institutions. Il participe dans plusieurs revues reconnues, (papier ou en ligne). Certains de ses poèmes ont été traduits en roumain, bable, italien et anglais.
Il est l’auteur des recueils suivants: Algunos arraigos me vienen. Diputación de Sevilla (Séville, 2006), La luz de entre los cipreses. Prologue d’Enrique Baltanás. Ediciones en Huida (Séville, 2012), Laberintos sin cielo. Accessit du V Concours de Jeune Poésie “Florencio Quintero” 2012. Guadalturia (Séville, 2012), Mudanzas de lo azul, Ediciones Vitruvio (Madrid, 2013), Raíces de ser. Premier prix du VI Concours de Jeune Poésie “Florencio Quintero” 2013. Guadalturia (Séville, 2013), Después de la música. Prologue d’Enrique Gracia Trinidad. Cuadernos del Laberinto (Madrid, 2014), Sucesión de lunas. Prologue de Manuel Rico. Anantes (Séville, 2015), Los refugios que olvidamos, Anantes (Séville, 2016) et Raíz olvido (illustré par Jorge Mejías). Prologue d’Ana Gorría. Maclein et Parker (Séville, 2017).