ANABASE
Une lecture de Xénophon sur le chemin de la plage
Broyé l’inutile verbiage et
Réduit en poussière.
Enfin je suis
Dehors.
Le risque d’incendie est à son paroxysme.
Quelques notes très graves au fond des yeux
Le Haut –
(Calcaire)
Bientôt je m’embourbe dans le Midi.
Ecouteurs crissement
Sous la paire de rangers
Sur sable brûlant.
Anabase attendue silence vrombissant
Elle indique le parcours ;
Le vol d’un canadair au-dessus du ravin
La nationale franchie en direction de la gare
La plage loin -
Très loin devant.
Rien alentour. Juste un
Nuage s’y mettre : aller droit vers la mer.
Par la route carcasses aloès rouille conserves
Et le doute ferré –
Entre les voies la grande vitesse.
Anabase
Dit l’ombre
Serait l’ultime alternative à l’ennui ?
Ascension initiatique ou rituelle
Elle fonde et couronne le voyage marin
Le terrestre abandon.
A N A B A S E : c’est faire en sens inverse
Le chemin des échecs -
Déroute et puis l’impasse.
Le livre est zénithal
Les heures lourdes
Salées
Et déjà la fatigue
Entame la ressource.
A moi-même je fais face
Comme à dix-mille
Moi-même.
Je prends le sillage d’un bout de bitume
(Ai tardé à hisser les voiles)
ANABASE
Avec pour seul repère un possible
Retour ;
Destin livré
Au hasard des pinèdes
Et au chant des cigales.
L’horizon annoncé
Par la zébrure d’une palme ou par
L’aiguille chue d’un immense cadran
Ne subviendra jamais
A l’appétit féroce
Des désirs ambulants.
Eccola qua : la Méditerranée.
J’accroche à la balise
Le poème solitude -
Ses filaments cruels.
On ramasse à la pelle les méduses sur la plage.
La débâcle est multiple
Que supplicient l’Eclat,
Le battement du ressac.
Anabase retraite :
Exil en
La maison
Où ruisselant de rêve
Je dépose
La Mer.
(A l’azur insolant j’expose le bronzage
Jours intérieurs les mêmes où
Le texte est en friche et le corps imbécile.
Au farniente inconscient
A la marchande de glaces
A la vigie déserte
Au pêcheur sur le quai
Au souffle du mistral
A ce qui croît
Dure
Persévère
Au Grec en moi
Je dédie l’anabase
Son cortège de songes ;
De dialogues manqués.
Anabase est regret de n’avoir pas bougé.
JEAN-BAPTISTE MOGNETTI
Il se présente :
Né en 1983.