Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - COLINNE GRIGNAC

Publié par Le Capital des Mots sur 24 Août 2017, 14:50pm

Catégories : #poèmes, #photos

Princesse

 

 

 

Ciel anthracite, arbres sombres

Dans la fulgurance d'un rayon de soleil, le château

 

Lutte entre ces deux intensités

Plus le ciel est sombre, plus le soleil jaillit.

 

La princesse apparaît à l'entrée du château

Offre ses yeux brillants au soleil

 

Ciel, furieux, ravit la lumière

Château sombre

 

La p  La princesse disparaît.

 

 

 

Photo de Colinne Grignac - DR

Photo de Colinne Grignac - DR

 

***

 

Mon pays

 

Mon pays commence au printemps

Hirondelles virevoltes interpellent le rêveur

Sur fond rose

Le chat glousse d'un air concupiscent

 

Mon pays s'enfonce dans la violence

 

Violence de la chaleur de l'été

Léthargie

La place publique capitule

Sous la morsure du soleil

Le chat fier croque avec volupté un lézard

 

Violence, fulgurance de la pluie en automne

Lavés, déluge

Entre les gouttes, le corps se remet en mouvement

Le chat analyse le monde, protégé par la fenêtre

 

Violence du vent d'hiver

Il balaie tout, s'infiltre par la moindre maille du pull

Et invite les amoureux à resserrer leur étreinte

Le chat se love au plus près de nos corps

 

Violence de mon pays, ma violence intérieure

 

Je murmure cette prière

 

Que revienne le temps de la douceur

 

 

 

 

****

 

Un jour

 

Voir des poissons-couleurs dans la mer des Caraïbes. Il faut que tu saches cela : à l'origine, il y a cette joie essentielle de nager parmi la beauté. Tu deviens Beauté. Image-ressource gravée dans mon cœur. Nager la vie, même à contre-courant.

Perdre son enfance. Toucher la terre, humide, fraîche. Sensations brutes. Retour à l'enfance. Planter un bulbe de jonquille et la regarder pousser puis faner. Du même bulbe, sortira une autre jonquille, l'an prochain.

Danser dans sa robe à fleurs rouges. Tournoyer à en perdre la tête et rire.

Pleurer, tellement. Corps vidé de sa tristesse. Tu pleures aussi. Et puis dire non. Et tu essuies les larmes. Sourire.Tu souris aussi.Vider son sac de misères, veules, crasseuses.

Changer de vie. La voix de Lavilliers, belle, masculine.

On attendait que la mort nous frôle

Elle nous a pris les beaux et les drôles

On the road again, again

Au petit jour, on quittait l'Irlande

Et derrière nous s'éclairait la lande

Il fallait bien un jour qu'on nous pende

Ne pas regarder derrière soi, pourtant la lande est émouvante. Puis pardonner, comme c'est dur!

Peindre ses lèvres et ses ongles en rouge. Rouge puissant. Rouge-Femme. Femme. Ne pas se reconnaître.

Dans un rayon de lumière, donner au monde un enfant. Être sauvage dans ce moment et ta faiblesse, follement humaine. Lâcher l'enfant au risque qu'il tombe, pleurer de l'aimer tellement.

S'ensoleiller d'ocres. Boire le vin, Rouge-Femme. Rire. Marcher et chanter à tue-tête. Puis écraser les feuilles mortes des platanes avec ses chaussures, aimer ce craquement sous ses pieds depuis toujours. Admirer le pin, celui qui sera toujours nain, aux deux montagnes, miradors des enfants.

Écrire une lettre, mâchouiller chacun des mots de cette lettre. Demain ou un jour.

Perdre la tête sans s'en rendre compte. Où es-tu?

Être heureuse. Plus de passé, plus de futur, naître que dans le présent. Puis mourir, tranquille.

 

COLINNE GRIGNAC

 

 

Elle se présente :

Colinne GRIGNAC est née en 1973. Elle a fait des études de lettres et enseigne le français. Prose ou vers, elle écrit depuis longtemps et est heureuse de partager ses textes.

 

Colinne Grignac - DR

Colinne Grignac - DR

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E
Tres heureux de lire une telle originalité.
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