Il arrive qu’un rêve se glisse
dans la nuit – et gronde.
Des milliers de petits êtres habitent
l’espace intérieur de la tête.
Ils sont perplexes.
L’espace est illimité.
Ils rejettent au-dehors.
Alors souvent j’oublie.
Le vent électrisant de la conscience ravine.
Creuse creuse creuse.
Une clarté s’élève.
Parfois, des images traversent
le clair-obscur de ma conscience.
Souvent, la nuit, je ne rêve pas.
Je dors seulement.
***
Si j’avais un ami,
heure et espace -
les contraintes
se verraient dissoudre,
par volonté.
À gorge déployée,-
se feraient une rigolade.
Et un peu de gaieté,
de laisser-aller,
franchement,
sans réticences.
Un ami est aussi une amie.
Je pourrais aussi en tomber amoureux.
Ce ne serait pas grave.
Amitié est aussi Amour.
Si j’avais un ami,
même passé, je me dirais :
parce que c’est toi,
parce que c’est moi.
Si j’avais un ami,
le corps ne serait plus un obstacle,-
ni l’âme d’ailleurs -
Toujours cette main qui tend vers toi.
Ensemble on gravirait le Fuji -
Moi te poussant,
toi me tirant vers -
pléthore de vues
devant nous,
nous deux nimbés.
Le ciel éthéré
s’élargirait -
loin -
derrière -
à l’avant -
Si j’avais un ami,
rien qu’une fine percale entre nous,-
seul - je ne serais plus -
Les forêts respireraient
une autre humeur de silence.
Si j’avais un ami.
YANNICK ILITO
Il se présente :
Je m’appelle Yannick Ilito et je suis originaire de la République Démocratique du Congo; anciennement Zaïre. Diplômé des Beaux-Arts de Bruxelles, en dessin, et auparavant passé par l’Économie et les Sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles.
Grand lecteur je suis d’abord avant de me considérer poète.
Ma première rencontre avec la poésie s’est faite avec les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Aujourd’hui ces missives m’accompagnent. Mais mon grand déclencheur fut un autre poète. La lecture d’Henri Michaux m’a persuadé de ne pas faire un doctorat en arts et science de l'art sur Henri Michaux. Non c’était donc.
Je me suis dit : Pourquoi ne pas me faire poète ?
Pourquoi ne pas libérer cette parole en moi qui se terre ?
Dans ce cheminement vers la Parole poétique d’autres auteurs m’accompagnent : Emily Dickinson m’apprend à laisser exprimer mon intériorité; Thomas Tranströmer m’apprend à me saisir de mon quotidien; Bashō m’apprend à être concis, à écrire simplement ce que je vois, ce que je fais, ce que j’entend, ce que je pense, ce que je lis, ce que je ressens…, Sarah Kane m’apprend, m’apprend (que m’apprend t-elle au juste ?)… et d’autres encore… Ces sont mes Maîtres et Maîtresses.