L’ÉTANG
En remuant l’eau trouble au fond
avec les feuilles éparses
à l’aide d’une branche de noyer
recourbée
parce qu’il y a des heures
où l’on aime à déranger les souvenirs
trop sages ou charrier
les amours qui s’enlisaient
l’un après l’autre ce soir-là
des poèmes
sont remontés à la surface
***
Sous ton chapeau de paille
ceint d’un ruban
de satin noir
un poème une pensée
jaune violette ou morose
suivant la saison
un nuage parfois
distrait qui s’effiloche ou
le rêve
qu’une araignée tisse
fleurs fruits et feuilles
poussent selon
***
LE COSTUME
Contrairement aux apparences
ce n’est pas moi qui porte
un complet sombre aujourd’hui
c’est plutôt lui qui réclamait
des gesticulations neuves
pour sortir au grand air
***
EN LETTRES CAPITALES
pour Éric Dubois
J’écris sur des pierres des branches des bouts
de tissu soie ou chiffon au hasard sur
les frondes des fougères sur l’argile le grès
des poèmes
à la craie à la main avec la pointe fine
d’un couteau parfois jusqu’à
l’intérieur des peaux épluchées ou
sur l’écorce des chênes et pour me lire
il faut un tour complet
à défaut de papier je fais feu
de tout bois
25 avril 2018
SAMUEL MARTIN-BOCHE
Il se présente :
Né en 1977, Samuel Martin-Boche vit aujourd'hui à Nevers, où il travaille comme enseignant, après un parcours de Lettres (Poitiers, Bordeaux) et un poste d’assistant de langue (Irlande du Nord). Depuis 2017, il contribue à quelques revues de poésie en ligne ou sur papier (effectives ou à venir : Arpa, Lichen, Recours au poème, Poésie/première…). Actuellement deux recueils sont en cours d'écriture.