Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - JACQUES ROLLAND

Publié par Le Capital des Mots sur 8 Juin 2018, 17:54pm

Catégories : #poèmes, #poésie

LE CAPITAL DES MOTS - JACQUES ROLLAND

 

Bien après les commencements, sortis d’on ne sait quelle soupe primitive, dès qu’ils eurent trois neurones de conscience, les hommes s’enquirent de comprendre ce qu’ils faisaient là, debout sur la terre, à rire, à pleurer, à grelotter de froid et de peur, tenaillés par la faim et le désir, contraints pour survivre d’aller coûte que coûte chercher pitance dans les bois et les steppes. Ils s’aimèrent, se haïrent, comptèrent le temps et les astres, entreprirent de tout connaître et cherchèrent déjà à comprendre l’inconnaissable. En désespoir de cause, sur les pauvres sépultures de leurs congénères, ils implorèrent les quatre éléments. De guerre lasse, ils convoquèrent au ciel le Grand Manitou qui ne renvoya sur terre que l’écho ingrat de leur prière. Le premier chant, le premier poème fut peut-être cette prière dont la plainte a traversé les siècles jusqu’aux oreilles du dernier des petits d’homme qui vient de voir le jour et qui bientôt comme ses lointains ancêtres ne cessera de questionner les entrailles de la nuit dont il est tragiquement natif.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les morts ont cessé de mourir, franchi la porte obscure.

Les vivants restent sur le quai confusément soulagés

de n’être pas du convoi,

un peu jaloux cependant du précipice

auquel ils ont pour cette fois encore échappé.

 

 

 

 

Mère, je suis né, bien né de toi, de ton haleine tiède, de ton souffle à l’unisson du mien, de ma joue sur ta joue qui en ces temps de nuit tombante et d’exil n’a rien perdu de sa douceur ni de la douleur d’aimer. Mère, petite mère de courage, de la bonté de vivre, petite mère qui cherche dans mon regard désarmé la permission d’un sourire, Mère, ma mère si humble aux ailes tremblées, je te nomme Mère par déférence, pour te rendre à la vague, au rocher, au grain, à la paille de mes étés mirobolants, je te nomme Mère pour demain, pour toujours, parce que tu es immense, parce que de ton lointain passé de petite paysanne des Combrailles jusqu’aux quatre murs de ton attente, je sais qu’infailliblement tu me sais.

 

 

 

 

 

 

JACQUES ROLLAND

 

Il se présente :

 

 

 

Jacques ROLLAND vit à Villeurbanne et écrit quand un poème le chante. Beaucoup ont été publiés sous son nom ces dernières années dans diverses revues (papier, en ligne) : Le Capital des Mots, Francopolis, Ecrits…Vains, Pleutil, La page Blanche, Comme en Poésie, Les Cahiers de Poésie, Les Tas de Mots… et anthologies : « Poètes face à la vie »( Éditions de l’Athanor) «Du Souffle sous la Plume » n°2, n°3, n°5, n°7 ("Les Joueurs d'Astres" Éditions), « Visages de Poésie » (Jacques Basse - Anthologie n°5 - Éditions Rafael de Surtis), Lettrae Vox

 

 

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